« Nous faisons le choix de rester sur le marché malgré le handicap du marché brésilien, lequel détient 80 % des parts de marché mondiales à l’export contre 20 % pour la France », a indiqué, le 6 juin, Daniel Sauvaget, P-dg de l’entreprise de volailles bretonne Tilly-Sabco lors d’un point presse.
Réduire l’écart de compétitivité avec le Brésil
L’entreprise originaire du Finistère – dont l’activité d’abattage de poulets qui sont ensuite commercialisés en surgelés est exclusivement vouée à l’export – réalise 91 % de son chiffre au Moyen-Orient, avec pour premiers clients les Emirats arabes unis et le Yémen. Reprise par Daniel Sauvaget en 2008, alors qu’elle avait déposé son bilan suite à la grippe aviaire, l’entreprise Tilly-Sabco a réalisé 136 millions de chiffre d’affaires en 2012 avec un résultat net de 2 millions d’euros. C’était le principal challenger de Doux, qui a déposé son bilan l’an dernier et traverse, depuos, une restructuration sévère.
Au cours de la période 2007, date à laquelle l’entreprise a été sauvée
de la faillite, les restitutions, des subventions accordées par
Bruxelles, ont compensé les différences de coût de production
entre l’Europe et le Brésil. Mais ces aides ont
diminué
considérablement depuis 2010, passant de 325 euros la
tonne en 2012 à 108 euros la tonne en janvier. Leur rôle se faisant moins sentir alors que l’écart des coûts de production entre l’Europe et
le Brésil diminue progressivement en raison des coûts de production
croissants au Brésil.
Pour l’heure, le volailler se différencie de son
concurrent brésilien avec des souches de poulets
fermiers et de poulets standards. « Il nous a semblé important de nous
distinguer par la qualité », explique le P-dg. Mais cela ne suffit pas à
combler les écarts de coût de production entre la France et le Brésil.
Le patron rappelle que : « L’argent de la restitution a permis de développer
le marché au Moyen-Orient. Il ne faut pas gaspiller cet effort ». De
plus, ajoute-t-il : « Le maintien de la France sur le marché du
Moyen-Orient offre un soutien à l’ensemble de la filière agricole en
Europe.»
Pour autant, Daniel Sauvaget se résout aux choix de l’Europe. « Elle veut abandonner le système de restitutions. Nous en avons pris acte, nous souhaitons nous affranchir de ce système de restitutions.», déclare-t-il.
La fin des restitutions, vers un modèle autonome en plusieurs étapes
« Nous allons changer de modèle économique, nous nous y
préparons »,
informe le P-dg. « Tout cela, poursuit-il, doit se faire de manière
négociée.» L’enjeu pour le P-dg consiste à passer progressivement
d’un modèle
économique aidé à un modèle économique sans aides européennes.
Le différentiel actuel de coût entre le Brésil et la France est de 350 euros la tonne, et devrait passer à 250 euros d’ici 2020. Daniel Sauvaget souhaite que les pouvoirs publics gomment le différentiel actuel de 350 euros, en échange de quoi, l’exportateur propose la mise en place d’un fonds d’adaptation à la mondialisation qui interviendrait de manière dégressive au cours du prochain cycle de la PAC attendu en 2020, et qui sécuriserait les efforts de la filière.
De son côté, la PME bretonne prendrait en charge un tiers du handicap de compétitivité. Pour cela, le chef d’entreprise a décidé d’investir 21 millions d’euros dans son outil industriel. Ce programme d’investissements lui permettra de se préparer progressivement à une sortie négociée des restitutions, et lui laissera une période d’adaptation de 5 à 7 ans.
Venice Affre