Les demandes de brevet dans le domaine de la conduite automatisée déposées auprès de l’Office européen des brevets (OEB) ont bondi de 330 % entre 2011 et fin 2017 contre +16 % pour l’ensemble des technologies sur la même période. C’est ce que révèle la nouvelle étude de l’Office basé à Munich, intitulée Patents and self-driving vehicles, en français « Brevets et véhicules autonomes », publiée le 9 novembre.
Le nombre de demandes de brevet européen dans le secteur de la conduite automatisée a augmenté ces dernières années vingt fois plus vite que dans d’autres domaines technologiques d’après l’étude. Cette étude réalisée par l’OEB, l’entité d’autorité en Europe pour la délivrance de brevets, a été menée en coopération avec EUCAR (European Council for Automotive R&D), association pour la recherche collaborative et l’innovation regroupant les principaux constructeurs automobiles européens. L’étude a recensé et classifié toutes les demandes de brevet européen portant sur les technologies dédiées à la conduite automatisée et autonome, déposées à l’OEB entre 2011 et fin 2017. Au total, 18 000 demandes de brevet ont été répertoriées.
L’Europe et les États-Unis font la course en tête
L’Europe et les États-Unis ont une avance nette en matière d’innovation appliquée au domaine de la conduite autonome sans conducteur. Depuis 2011, le Vieux Continent et le pays de l’Oncle Sam sont respectivement à l’origine de près d’un tiers de toutes les demandes de brevet déposées à l’OEB. L’étude montre, en effet, que l’Europe a représenté 37,2 % de l’ensemble des demandes de brevet relatives aux technologies de véhicules autonomes reçues par l’organisation qui accorde des brevets au niveau européen, juste devant les États-Unis (33,7 %). Ces deux leaders en matière de dépôts de brevet arrivent loin devant le Japon (13 %), la Corée du Sud (7 %) et la Chine (3 %). En outre, sur la seule année 2017, ils ont été à l’origine respectivement de 1 400 demandes de brevet contre 468 demandes pour le Japon, 382 pour la Corée du Sud et 194 pour la Chine.
En Europe, l’Allemagne est le pays le plus actif avec 2 151 demandes de brevets européens portant sur la voiture autonome réalisées entre 2011 et 2017, soit 14,4 % de toutes les demandes de brevet reçues par l’Office sur la même période dans la même filière. La France est le deuxième pays le plus actif d’Europe avec 715 demandes, talonnée par la Suède (703 demandes). Suivent dans le top 5 des principaux pays européens déposant de brevets portant sur les technologies de la conduite automatisée, le Royaume-Uni (439) et les Pays-Bas (419). Viennent ensuite dans le top 10 la Finlande (300), la Suisse (211), l’Autriche (120) et l’Italie (93).
Selon l’étude, les demandeurs américains de brevets européens sont principalement présents dans les technologies de la communication et du calcul informatique. Les entreprises européennes se démarquent, elles, dans les domaines suivants : conduite du véhicule ; logistique intelligente ; perception, analyse et décision.
Un marché en devenir estimé à 260 milliards à horizon 2030
La généralisation de la voiture autonome est encore lointaine, néanmoins les premiers véhicules autonomes devraient être commercialisés à partir de 2025. La conduite autonome est un marché estimé à 260 milliards d’euros en 2030, d’après une étude du cabinet A.T. Kearney. Ce marché naissant et en forte croissance devrait même représenter plus de 500 milliards d’euros en 2035. Un marché que se disputent constructeurs et équipementiers.
Les principaux constructeurs automobiles vont déployer d’énormes capacités de R&D pour développer de nouvelles technologies dans ce domaine. Un éventail plus diversifié d’entreprises industrielles devient également impliqué dans le secteur, à mesure que la technologie évolue dans les véhicules, d’après l’étude de l’organisation en charge de la délivrance des brevets européens. Les entreprises automobiles établies, connues pour être extrêmement innovantes, doivent donc s’adapter aux technologies numériques de rupture provenant d’autres industries tout aussi puissantes, telles que la communication sans fil et le Big Data.
Venice Affre
Pour en savoir plus :
Consulter l’étude (en anglais) de l’OEB sur les brevets et les véhicules autonomes en fichier attaché ci-dessous