La crise sanitaire et les taxes douanières aux États-Unis ont pesé dans la chute des ventes à l’étranger du secteur selon le bilan présenté le 11 février par la Fédération des exportateurs de vins & spiritueux (Fevs).
En 2020, les exportations françaises de vins et spiritueux, filières d’excellence à l’exportation, ont souffert. Affectées par la crise sanitaire et par les taxes douanières appliquées sur les vins français aux États-Unis, elles ont reculé de 13,9 % selon la Fevs .
Avec 12,1 milliards d’euros (Md EUR) en valeur, elles sont retombées à leur niveau de 2016. « Nos entreprises ont dû affronter un contexte particulièrement difficile, à savoir l’impact du conflit aéronautique commercial transatlantique à l’origine du relèvement des taxes douanières américaines sur nos vins et celui de la pandémie de Covid-19, dont les effets se sont répandus sur tous les continents » a résumé César Giron, président de la Fevs, qui est monté au créneau le 15 février pour obtenir plus de soutien du gouvernement et de l’Union européenne (lire notre article sur ce sujet).
La quasi-totalité des catégories de produits touchés par la crise sanitaire
Du coup, la baisse des exportations a touché la quasi-totalité des catégories de produits.
Elle a été particulièrement marquée pour le champagne, dont les ventes à l’export ont chuté de 17 % en volume et de 20,5% en valeur, à 2,47 Md EUR, mais aussi pour le cognac dont les exportations se sont effondrées de 21,4 %, à 2,74 Md EUR. Les ventes à l’étranger de spiritueux ont plongé de 19,4 %, à 3,8 Md EUR, avec la fermeture des cafés, bars, restaurants et hôtels à travers le monde pendant les confinements.
En revanche, malgré l’impact des taxes américaines entraînant une chute des ventes de 18 % aux États-Unis, le chiffre d’affaires des vins français à l’export n’a diminué globalement que de 11,3 %, à 8,2 Md EUR. Avec 132 millions de caisses vendues, le volume des vins n’a baissé que de 5,1%.
Royaume-Uni et Allemagne, marchés résilients
Au Royaume-Uni, « marché relativement résilient » selon César Giron, la pandémie a modérément pesé sur les vins et les spiritueux. Les exportations ont amorti le choc, accusant une diminution de 6,5 % en valeur à 1,3 Md EUR. « De même, en Allemagne, le marché a relativement bien résisté avec une baisse des ventes de 9,8 % à 814 millions d’euros » a souligné le président de la Fevs.
Plus généralement, les expéditions vers les Vingt-sept pays membres de l’UE ont suivi la même tendance, avec une baisse moyenne du chiffre d’affaires de 7,1 % (à 3,1 Md EUR), mais avec des situations contrastées entre le nord et le sud du continent.
Chute des exportations de plus de 15 % en Chine
En Asie, notamment en Chine, la crise sanitaire a fortement touché la consommation pendant le nouvel An chinois en 2020 et provoqué un coup de frein sur les exportations françaises de vins et spiritueux. Celle-ci y ont décliné de 15,2 %, à 809 M EUR.
Sur les hubs commerciaux que sont la Chine-Hong Kong et Singapour, la chute a été plus brutale. Elle a atteint -19,4 %, à 1,9 Md EUR. « A Singapour, l’écroulement de nos ventes de vins et spiritueux de -31,1 % à 637 M EUR est principalement lié à l’arrêt du canal duty free aéroportuaire » a relevé César Giron.
Enfin, au Chili « les ventes ont dégringolé de 30 %, une baisse liée à la pandémie » selon Antoine Leccia, vice-président de la Fevs, qui se dit « favorable » à un éventuel accord commercial entre l’UE et le Mercosur pour stimuler ces exportations.
« Les exportateurs français de vins et spiritueux ont néanmoins su trouver les ressources pour faire face à la crise. En luttant pour préserver leurs positions, ils préparent l’avenir et la reprise que nous espérons pour 2021. Dans certains pays, on en perçoit les premiers frémissements, notamment sur le dernier trimestre 2020. En espérant que la fin de la crise sanitaire le permette à l’échelle globale » a conclut César Giron.
Ce qui conforterait le secteur des vins et spiritueux à la deuxième place dans les excédents commerciaux français derrière…l’aéronautique.
Bruno Mouly