Le « club des cinq » (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Japon et Belgique), qui représente toujours plus de la moitié des exportations de bourgognes, perd du terrain au profit de nouveaux marchés, selon les dernières tendances analysées par le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).
Après trois années record, les ventes internationales de vins de Bourgogne ont marqué le pas au premier semestre 2022. Si elles ont progressé en valeur de 12,4 % en glissement annuel, leur volume a en revanche fléchi de 10,6 % mais reste supérieur à son niveau pré-pandémique, selon les données publiées le 21 septembre par le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).
« Ce ralentissement de nos exportations trouve une explication toute logique dans la faible récolte 2021, explique François Labet, président du BIVB. Les domaines et maisons ont dû réduire les allocations de leurs différents clients pour satisfaire tout le monde. Les stocks sont au plus bas et il faut temporiser jusqu’à l’arrivée du millésime 2022. Les volumes que nous venons de récolter, associés à la faiblesse de l’euro pour nos clients en zones dollars devraient redonner des couleurs à nos ventes en 2023. »
En attendant, ce sont les cinq mêmes pays depuis 12 ans qui ont une nouvelle fois trusté plus de la moitié des ventes sur les six premiers mois de l’année. Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et le Japon ont totalisé 59 % des volumes de bouteilles (75 cl) exportés, soit 27 millions sur 46 millions, et 52 % du chiffre d’affaires à l’export (371 millions sur 711 millions d’euros).
Cap sur l’Europe du Nord et les Émirats arabes unis
Ces destinations phares sont cependant en perte de vitesse depuis le début de la crise sanitaire : en 2019, elles représentaient 63 % des volumes et 56 % du chiffre d’affaires à l’international. Cette baisse profite à des marchés qui grignotent progressivement l’avance du « club des cinq ». C’est le cas de la Suède, 6e marché en volume, qui enregistre depuis 2017 une croissance continue de ses importations tant en valeur qu’en volume. Au premier semestre, les exportations de bourgognes à destination de ce marché organisé autour d’un monopole d’État (Systembolaget) ont bondi de 24,7 % en valeur.
Le Nord de l’Europe semble avoir aimanté les ventes au cours des six premiers mois de l’année. Les exportations vers la Norvège et la Finlande, où les ventes sont également régies par un monopole d’Etat, se sont envolées, de respectivement 17,6 % et 28,5 %.
Mais la plus forte progression en valeur (+ 246,6 %) et en volume (+ 80,3 %) a été enregistrée par les Émirats arabes unis, un pays pour le moins inattendu puisque de culture musulmane, qui bannit traditionnellement l’alcool.
Les vins de Bourgogne bénéficient en effet d’un assouplissement des règles émiraties d’achat et de consommation survenu en 2020 dans six émirats sur sept, celui de Charjah continuant d’interdire la consommation, y compris aux touristes étrangers. Il n’y a plus besoin de permis pour acheter et consommer de l’alcool à Abou Dhabi. Dubaï, dont le tourisme international et les grands événements internationaux reste un secteur d’activité clé, a revu les règles d’obtention des autorisations demandées aux touristes et aux résidents non musulmans. Ces derniers n’ont par exemple plus à fournir le certificat de non-objection de leur employeur a été supprimée à Dubaï.
Une évolution des mœurs et des réglementations qui ouvrent de nouvelles portes aux vins français.
Sophie Creusillet