La neuvième édition de l’étude prospective Wine Trade Monitor de l’agence Sopexa, propriété du groupe de conseil en communication Hopscotch, montre que si la France tient toujours la corde avec ses Bordeaux et Bourgogne, notamment, l’Italie et l’Espagne la talonnent de près. Le bio et le bio dynamique sont des valeurs sûres de plus en plus affirmées, tandis que le rosé provençal, récoltant les efforts de montée en gamme consentis ces dernières décennies et mieux marketé que par le passé, a désormais le vent en poupe. A noter aussi la belle percée des vins chiliens en Chine et le net repli des vins australiens, taxés à des niveaux prohibitifs, dans ce même pays.
Sopexa vient de publier la 9e édition de son Wine Trade Monitor, étude prospective de référence dédiée aux marchés clés de la consommation et de l’importation de vin.
Entre juillet et août 2021, 1 044 professionnels du vin composés d’importateurs, de grossistes, de distributeurs GMS, de cavistes ainsi que de spécialistes de la vente en ligne, ont participé à l’enquête et livré leurs pronostics sur l’évolution de leur marché et sur les tendances qui impacteront leurs ventes dans les prochaines années. L’analyse a été menée en Allemagne, Belgique, Chine, Etats-Unis, Japon et Royaume-Uni, et intègre aussi cette année le Canada et les Pays-Bas.
La France mène toujours la danse, mais de peu
Le top des pays dont les origines sont les plus référencées est identique aux trois dernières éditions, cependant les chiffres se resserrent.
Les vins français restent en première place du classement, 90% des opérateurs les intégrant à leur offre. Les vins italiens et espagnolssont pour leur part présents dans le portefeuille de 82% et 76% des répondants, laissant peu d’écart dans le top 3. Ces deux origines, ainsi que les vins allemands, progressent significativement en Chine et au Japon.
Les opérateurs citent à 53 % les vins français comme devant évoluer positivement dans leurs ventes, 49 % pour les vins italiens et 37 % pour les vins espagnols.
En termes d’image et de réputation, les critères « capacité à séduire les jeunes », « innovation » et « prix » sont davantage associés aux vins italiens ou espagnols qu’aux vins hexagonaux. En Chine, on note une progression attendue des vins chiliens pour plus de la moitié des professionnels interrogés. La chute brutale des vins australiens permet aussi aux vins français de retrouver de belles perspectives après un déclin en 2019.
Les vins australiens sont en déclin dans le référencement global et passent de 53 % en 2019 à 48 % en 2021. L’impact des taxes imposées par la Chine à l’Australie (allant de 110 à 220 %) au printemps dernier se traduit directement dans les portefeuilles chinois où ils perdent 13 points. Victime collatérale des chicaneries diplomatiques entre Canberra et Pékin, le vin, après l’orge, le bœuf ou encore le charbon, avait payé le prix fort des tensions entre les deux puissances.
Le bio accroît son avance sur les vins régionaux et le rosé prend des couleurs
Les vins bio représentent la catégorie de vin la plus porteuse, face à une attractivité des vins régionaux en léger retrait. Excepté en Asie, 45 % des opérateurs, tous marchés confondus, placent le bio en tête des progressions attendues, très loin devant toutes les autres catégories. Le bio, en tête depuis 2019, creuse un peu plus l’écart avec les vins régionaux dont l’attractivité est en recul.
Le rosé, dont nos voisins d’outre-Manche sont de plus en plus friands, voit par ailleurs son succès et son attractivité confirmés. Il se positionne désormais dans le trio de tête du classement. 19 % des opérateurs le placent parmi les deux catégories dont les volumes de ventes progresseront le plus.
La vente en ligne bondit un peu plus encore
Dans le contexte particulier de ces dernières années, la vente en ligne connaît un essor sans précédent. Près de 72 % des professionnels interrogés dans le cadre de l’étude ont eu recours à la vente en ligne en 2019 et 2020.
Elle a progressé significativement en 2020, en Europe et en Amérique du Nord, spécifiquement au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Une augmentation que l’on ne retrouve pas en Chine et au Japon, où les opérateurs apparaissent plus réservés certainement face à la puissance déjà acquise par les pure players du e-commerce. En 2021, une majorité des professionnels, et notamment les gros acteurs, envisagent une progression de la part des ventes réalisées via ce canal, quel que soit le marché.
Des canettes et des capsules à vis, plus de tire-bouchons !
Autre évolution notable : celle des conditionnements. Pour ce qui est des formats, une progression de la bouteille de 75 cl est anticipée sur l’ensemble des marchés, et les professionnels tablent sur une hausse des ventes de bouteilles à bouchon à vis, sauf en Chine. Sur les marchés anglo-saxons (Etats-Unis, Canada, et Royaume-Uni), la canette apparaît comme le 2e format amené à progresser.
Interviewée dans le cadre de l’étude, Amy Opisso, directrice générale du domaine Lieb Cellars et de la marque Bridge Lane Wine, livre un témoignage édifiant à cet égard : « Je pense que nous allons continuer à voir une croissance significative du format canette aux États-Unis. Prenons notre marque Bridge Lane dans l’État de New York comme exemple. En 2017, nous avons vendu environ 1 100 caisses de vin en canettes. Cinq ans plus tard, en 2022, nous devrions vendre environ 11 000 caisses. En 2017, dans l’État de New York, nous étions le seul producteur à faire du vin en canette et maintenant, nous sommes au moins 20 ».
E.S.
Pour consulter l’infographie résumant les grandes conclusions de l’étude prospective de Sopexa, cliquez ci-dessous.