A l’export, les vins du Val de Loire ont une carte à jouer aux États-Unis, si l’on en croit l’interprofession Interloire. Si l’ensemble des exportateurs français commencent à souffrir des droits douane américains de 25 % appliqués depuis octobre dernier, les vins de Loire seraient résilients.
L’explication résiderait dans le fait que les Sancerre, Anjou ou autres Crémant de Loire « ne sont pas dans les premiers prix », selon Pierre-Jean Sauvion, responsable de la Communication d’Interloire.
« Je ne dis pas que 25 % ce n’est pas un frein, mais tant que ce taux – qui n’est, au demeurant, appliqué qu’aux seuls vins sans bulle – n’est pas relevé, c’est supportable », précisait-il, lors d’une conférence de presse pendant le salon Wine Paris, le 11 février.
Les marges en question
Le Moci a cherché à en savoir plus en interrogeant des exposants de cette région vaste (57 400 hectares de vigne) et diversifiée (51 appellations d’origine et 6 identifications génériques en blanc, rouge, rosé, avec ou sans bulle).
Jeune viticulteur de 32 ans, Vincent Cartier exporte ainsi les appellations Touraine et Touraine Chenonceau aux États-Unis. « Pour l’instant, en volume on n’a pas de problème. En revanche, nous sommes obligés de rogner sur les marges », confiait le responsable du Domaine François Cartier.
Jean Aubron est, pour sa part, le dirigeant du Grand Fief de l’Audigère, un producteur de muscadet orienté vers les États-Unis. L’homme s’est montré tour à tour pessimiste et optimiste. Pessimiste quand il pointait l’avantage donné par la taxe 25 % aux concurrents du Nouveau monde (Chili, Afrique du Sud, Nouvelle Zélande…).
Pour l’instant, sa société ne souffre pas, car les importateurs américains, ayant anticipé la décision de Washington, ont stocké. Quand Le Moci lui a demandé s’il comptait réduire ses marges quand ses partenaires outre-Atlantique auront déstocké, il a clairement répondu que ce n’était « pas possible ». Jean Aubron a, ensuite, affiché son optimisme, expliquant que « le produit étant unique », il n’était « pas certain au final que l’on perde des quantités ».
L’export performe avec les États-Unis
La situation du marché américain est un enjeu majeur pour le Val de Loire, ce débouché étant son premier marché extérieur, avec un montant de 102,3 millions d’euros et un volume de 132 728 hectolitres en 2019, devant le Royaume-Uni (50,12 millions d’euros et 91 162 hl) et l’Allemagne (40,75 millions d’euros et 80 723 hl).
Comme les livraisons tricolores ont progressé tant aux États-Unis (+ 15,6 % en valeur, + 14 % en volume) qu’au Royaume-Uni (+ 9,2 % en valeur, + 9,6 % en volume) et en Allemagne (+ 7,7 % en valeur, + 10 % en volume), le Val de Loire a enregistré des records l’an dernier.
Le chiffre d’affaires à l’export (20 % du CA total) a ainsi gagné 9,6 % en valeur à 315 millions d’euros, « dont près d’un tiers réalisé aux États-Unis », précisait Fanny Gautier, responsable du service Économie et études chez InterLoire. Quant aux quantités, elles ont pris 9,6 % pour s’élever à 523 000 hl, dont environ un quart livré outre-Atlantique.
Les professionnels américains optimistes
De façon globale, à 65 % ce sont des blancs qui sont exportés. Or, d’après une étude réalisée par OpinionWay en octobre 2019 dans quatre pays (États-Unis, Belgique, Royaume-Uni, Allemagne), « le blanc bénéficie d’une notoriété de 100 % pour sa qualité perçue », expliquait Delphine Michaud, directrice de clientèle de l’institut de marketing et communication.
Or, aux États-Unis, 92 % des professionnels interrogés pensent que les vins du Val de Loire vont s’y développer. Les scores varient entre 81 et 89 % pour les effervescents, les rosés et les rouges. De quoi entretenir l’optimisme dans le vignoble français.
François Pargny