Dans l’export de vin rosé, la France voit la vie en rose. Preuve en est la dernière étude de l’Observatoire mondial du rosé, réalisé en octobre-novembre 2019 dans 45 pays et présenté, le 11 février dans le cadre du salon Wine Paris, par ses deux cofondateurs, FranceAgriMer et le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP).
Sur un marché en expansion rapide, non seulement la France est de loin le premier exportateur mondial en valeur, mais en volume elle est dorénavant numéro deux après l’Espagne. « La France a connu une croissance de ses exportations pour couvrir sa demande d’entrée de gamme », a expliqué Audrey Laurent, chargée d’études économiques Vin marché mondial chez FranceAgriMer.
Exportation : la France, numéros 2 en volume et 1 en valeur
De façon concrète, la France, qui a gagné 12 points de marché en volume en dix ans, a ravi, avec une part de 14 %, la deuxième place à l’Italie (13 %), sur un marché international qui a explosé de 39 %, à 10,6 millions d’hectolitres en 2018. L’Espagne a conforté son leadership, représentant à elle seule 39 % des quantités totales de rosé exportées.
La rétrogradation de l’Italie est le fruit du nouveau positionnement de ce pays, qui privilégie dorénavant, à l’instar de la France, les produits plus valorisants. Du coup, si, en valeur, sur un montant d’exportations mondiales de rosé de 2,2 milliards d’euros en 2018 (+ 200 millions sur 2018), la France s’est taillée la part du lion, avec 32 %, l’Italie a pointé à la deuxième place, avec 20 %, devant l’Espagne, avec 18 %.
Les taxes américaines ne semblent pas encore avoir eu d’impact, même si le président du CIVP, Jean-Jacques Bréban, très remonté contre l’État français, a réclamé la mise en place d’un fonds de compensation, à l’instar de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (Fevs).
Logiquement, la France, qui se situe sur le créneau des rosés premium, pratique les prix relativement les plus élevés, soit en moyenne 3,50 euros par bouteille de 75 centilitres (prix douanes hors taxe).
De son côté, l’Italie a fait, effectivement, un effort de valorisation, avec des prix qui ont grimpé en moyenne de 1,7 euro la bouteille à 2,30 entre 2014 et 2018. Comme l’Espagne a, elle, plutôt investi l’entrée de gamme, ses bouteilles sont moins coûteuses, en moyenne de 1,5 euro par col.
Les États-Unis occupent le quatrième rang tant en volume qu’en valeur, avec une part de 9 %. Les exportateurs américains ont, quant à eux, plutôt opté pour le moyen de gamme, avec des prix de l’ordre de 5 euros la bouteille.
Brice Amato (CIVP) : « 40 % des vins consommés dans le monde importés »
Pionnière en matière de rosé, la France récolte ainsi les fruits des efforts dans ses grands vignobles du Val de Loire et de Provence. Un atout significatif dans la compétition mondiale, alors que les importations et la consommation de rosé ne cessent de progresser sur la planète.
« Le rosé, vin de plaisir longtemps associé au soleil, se consomme aujourd’hui toute l’année », s’est félicité Nicolas Bretton, le jeune responsable Marketing & commercial (32 ans) de Château Mentone, l’entreprise familiale qu’il a lancée à l’export il y a deux ans. D’où sa présence pour la deuxième année consécutive à Wine Paris.
Produisant en bio, Château Mentone, positionné dans le moyen de gamme, vend en Europe. Le prix de vente consommateur de ses bouteilles de rosé sont de l’ordre de 12-13 euros à l’étranger, contre moins de 10 euros en France.
« Aujourd’hui, 40 % des vins consommés dans le monde sont importés », a exposé Brice Amato, responsable du service Études & analyses de marchés au CIVP. Les importations ont ainsi explosé, passant de 3,7 millions d’hectolitres (hl) en 2002 à 10,9 millions hl en 2018.
États-Unis : un gros potentiel pour l’export français
En valeur, les États-Unis, qui arrivent en quatrième position en volume (9 %), occupent le leadership en valeur, avec un montant de 500 millions d’euros, représentant 22 % du total des achats à l’étranger, devant le Royaume-Uni (14 %), la France et l’Allemagne (10 % chacune).
La bonne nouvelle pour les exportateurs français est que si la France est de loin le premier pays consommateur de vin rosé de la planète, avec 16,2 litres (l) par an et habitant, devant l’Uruguay (9,7 l) et la Belgique (5,6 l), « elle n’est que de 1,9 litre aux États-Unis, pourtant le deuxième marché mondial en volume derrière la France », a pointé Audrey Laurent. En 2018, sur 18,3 millions hl consommés dans le monde, 34 % l’étaient dans l’Hexagone et 20 % outre-Atlantique. En 2018, les quantités bues outre-Atlantique ont explosé de 40 % chez les cavistes et les supermarchés.
« La France est sur l’entrée de gamme, de même l’Allemagne, alors que les États-Unis sont orientés plutôt vers les vins de haut de gamme », selon la responsable de FranceAgriMer. Une caractéristique forte du marché américain que les exportateurs français de rosé ne doivent pas perdre de vue.
François Pargny