La Commission européenne, a annoncé mardi 5 mars disposer de suffisamment d’éléments pour affirmer que les véhicules électriques chinois étaient subventionnés. Et ce sont les vins et spiritueux européens, en particulier le cognac français, qui vont certainement faire les frais de ces tensions commerciales. Explications.
Les brandies européens risquent de trinquer dans la guerre commerciale opposant l’UE et la Chine sur les batteries électriques. Soupçonnant Pékin de les subventionner à outrance afin de proposer des véhicules électriques à bas prix sur le marché européen et de créer ainsi une concurrence déloyale, la Commission européenne a lancé en octobre 2023 une enquête sur les généreuses aides accordées par la Chine à ses constructeurs automobiles.
Depuis, Bruxelles poursuit ses investigations. Mardi dernier, la Commission a publié un document dans lequel elle déclare disposer de suffisamment d’éléments pour prouver que les véhicules électriques Made in China étaient bel et bien subventionnés et que leurs importations dans l’UE avaient augmenté de 14 % depuis l‘ouverture de l’enquête diligentée par Bruxelles. Le lendemain, la Commission a débuté l’enregistrement douanier des importations de véhicules électriques chinois. Traduction : alors que l’enquête de l’UE doit se prolonger jusqu’en novembre, les droits de douanes provisoires qui pourraient être instaurés en juillet le seraient de manière rétroactive, à compter du 7 mars.
La Chine absorbe un quart des exportations
Dans un communiqué en date du 6 mars, la Chambre de commerce et d’industrie chinoise auprès de l’UE s’est dite inquiète de ces « mesures rétroactives potentielles ». « La Chambre a souligné que la récente augmentation des importations de véhicules électriques chinois reflète la demande croissante de véhicules électriques en Europe et souligne l’engagement des constructeurs automobiles chinois à promouvoir le marché européen », précise le texte.
Surtout, même si ce communiqué n’en dit mot, Pékin ourdit sa riposte. Les autorités chinoises ont en effet annoncé le 5 janvier avoir eux aussi ouvert une enquête antidumping sur les brandies (eaux-de-vie de vin) européens dont les exportations vers la Chine sont composées à 97 % d’alcools français, essentiellement du cognac. Si les Américains demeurent les premiers clients, la Chine absorbe un quart des exportations de ce digestif star. A l’instar des vins australiens qui se sont vu imposer, par le passé, des taxes de 150 % à 200 % en raison des critiques émises par Canberra sur la gestion chinoise de la pandémie de Covid 19, le cognac français, pour l’instant taxé à 5 %, pourrait voir son prix grimper en flèche et ses ventes baisser en conséquence.
Par ailleurs, la perte de cet important débouché pourrait avoir de lourdes répercussions non seulement sur le cognac mais aussi sur toute la viticulture française. Comme le résume un article du site Vitisphere, « en clair, si le marché chinois sanctionne les cognacs ce début d’année, un flot de vins blancs matraquera dès la fin 2024 le marché, brisant l’un des derniers équilibres encore favorable au vignoble ».
Sophie Creusillet