A contre-courant des autres appellations tricolores, la filière ligérienne affiche un bilan export 2024 en nette progression. Sa recette : miser sur la prémiumisation et de « petits » marchés en plein développement.
Longtemps considérés comme moins prestigieux que le bordeaux ou le bourgogne et toujours moins connus des consommateurs étrangers, les vins de Loire se sont fait une place à l’international. Alors que les exportations françaises de vins, toutes appellations confondues ont stagné en 2024 à 1,2 million hl, en faible hausse de 0,7 %, celles de la filière ligérienne ont progressé de 5 % pour atteindre 400 000 hl et 200 millions d’euros (+ 5,9 %), selon les données de l’interprofession. Du jamais vu depuis l’année 2000.
Cette bonne performance dans un contexte morose pour la viticulture française est le fruit d’un travail continu sur la valorisation, une tendance forte de la demande internationale, en particulier pour les blancs qui constituent avec les fines bulles 80 % des exportations des vins de Loire. Ainsi, si le prix professionnel (départ cave) a augmenté d’un petit 0,8 % l’an dernier, il a bondi de 17 % en cinq ans. En revanche, la valeur des exportations des rouges et des rosés secs est restée stable, tandis que celle des rosés tendres a reculé.
Des marges de progression
Coté marchés, les États-Unis demeurent la destination numéro un avec 21 % des exportations en valeur, suivis par l’Allemagne (18 %), le Royaume-Uni (13 %), la Belgique (10 %) et la Canada (8 %), ces cinq pays absorbants 70 % des livraisons internationales de la filière avec des demandes très variables.
Alors que les blancs constituent aux États-Unis 65 % des importations et 58 % au Royaume-Uni, 78 % au Canada, 76 % aux Pays-Bas ainsi que 53 % au Japon et au Danemark, ils ne représentent « que » 20 % des importations australiennes et 7 % des achats allemands.
Outre-Rhin, le marché est porté par les filles bulles, dont le crémant de Loire qui fête ses 50 ans cette année : elles forment en effet 89 % des importations.
A cet égard, l’édition 2024 du World Trade Monitor, voit dans l’engouement actuel pour les vins effervescents une opportunité de développement à l’international pour toute la filière (2200 exploitations viticoles et 255 millions de bouteilles commercialisées par an). Pour l’heure, ils représentent 33 % des importations au Japon et 40 % en Suède (contre 14 % aux États-Unis, 6 % au Canada, 12 % au Danemark et 16 % en Belgique).
Cap au Nord
Toutes couleurs confondues, les vins de Loire bénéficient par ailleurs du développement de nouveaux marchés. Les plus fortes augmentations d’exportations en valeurs avaient en 2024 pour destination l’Italie, les pays baltes, les Émirats arabes unis et la Finlande.
Même avec l’actuelle augmentation de 10 % des droits de douane américains et le spectre d’une nouvelle augmentation, l’interprofession compte renforcer sa présence outre-Atlantique et sur ses principaux marchés en 2025.
Elle n’en n’oublie pas moins d’explorer des marchés alternatifs en cas d’aggravation de la guerre commerciale lancée par Donald Trump. Cette année, elle compte ainsi prospecter le Danemark, les Pays-Bas, la Suède, la Norvège, l’Australie et le Japon.
Des pays à fort pouvoir d’achat, dont un grand producteur viticole, où la stratégie de montée en gamme opérée par la filière devrait lui permettre de trouver des relais de croissance.
Sophie Creusillet