La Chine ne sera plus dans les années à venir l’eldorado espéré. La lutte contre la corruption décrétée par Pékin ayant un impact direct sur les cadeaux et les banquets, qui s’effondrent depuis l’an dernier, le commerce du vin en pâtit. Et notamment les vins français. Fort heureusement, l’économie américaine entame un cercle vertueux et les États-Unis seront le moteur de la croissance mondiale de consommation de vins dans le futur.
Devenu en 2014 le premier marché mondial avec 339,6 millions de caisses de 9 litres (3,056 milliards de litres), ce débouché attractif pour tous les producteurs de la planète va encore connaître une croissance de 11,3 % d’ici à 2018, alors que la consommation mondiale, elle, progressera moins vite, de 3,7 % exactement, atteignant ainsi le chiffre de 2,732 milliards de caisses de 9 litres (24,588 milliards de litres), d’après la dernière étude du cabinet IWSR (International wine and spirit research), réalisée pour le salon Vinexpo à Bordeaux.
Lors de la présentation de l’édition 2015 de cette biennale, le 22 janvier à Paris, le directeur général Guillaume Deglise (notre photo) a révélé que la patrie de l’Oncle Sam était aussi devenue le premier marché consommateur de vins tranquilles (non effervescents) en valeur en 2014 et qu’elle le resterait en 2018, grâce une hausse de 12,8 % par rapport à 2014, devançant ainsi la France (- 2 %). Sa consommation s’élèvera alors à 33,2 milliards de dollars, soit quasiment le double de la France, avec 16,9 milliards, le Royaume-Uni devant occuper la troisième place avec 16,1 milliards.
Pourtant, la consommation par habitant outre-Atlantique est très faible (12 litres) par rapport aux pays producteurs d’Europe (Italie, France, Suisse, Portugal entre 41 et 45 litres en 2018), « ce qui montre l’intérêt de ce débouché qui présente encore de grandes marges de manœuvre », a souligné Guillaume Deglise. Le rouge détenait une part de marché d’environ 54 % dans la consommation de vins tranquilles en 2013 et les États-Unis seront le premier consommateur mondial de rouge et de blanc en 2018, selon l’enquête d’IWSR. La consommation de rosé y progressera aussi (+ 3 %), comme en France et au Royaume-Uni, alors que « la Chine y reste réfractaire », observe le directeur général de Vinexpo.
Les importations de vin vont croître plus vite que la consommation
En matière d’importations, les États-Unis joueront aussi un rôle majeur en 2018, occupant le troisième rang avec 84,3 millions de caisses de 9 litres (758,7 millions de litres), derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. Quand les achats internationaux de ces deux pays européens vont augmenter respectivement de 0,8 % et 4,9 % entre 2014 et 2018, les États-Unis vont enregistrer un bond de 5,1 %. Le plus forte hausse sera, toutefois, à mettre sur le compte de la Chine (avec Hong-Kong), avec + 31,3 %, dont les importations représenteront ainsi un peu plus de 52 % de celles des États-Unis (43,9 millions de caisses).
De façon globale, Vinexpo rapporte que la consommation de vin importé dans le monde poursuivra une croissance plus rapide que celle de l’ensemble de la consommation de vin (+ 6,1 % contre 3,5 %). En 2013, 29,5 % des bouteilles consommées étaient déjà achetées à l’étranger, soit 720 millions de caisses de 9 litres (6,48 milliards de litres). En valeur, les États-Unis seront numéro deux dans les importations de la planète, avec un montant de 9,5 milliards de dollars, derrière le Royaume-Uni, avec 17,1 milliards. Ces nations vont sensiblement augmenter leurs acquisitions de vin, de + 6,1 % pour le Royaume-Uni, + 8,1 % les États-Unis. L’Allemagne complètera le podium en 2018 avec un montant de 7 milliards de dollars et une croissance de 2,3 % sur 2014.
François Pargny
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