En termes d’influence au sein des institutions communautaires, « l’Allemagne creuse l’écart avec la France », note un rapport très détaillé de la Fondation Robert Schuman. Principal motif de cette perte de vitesse des Français à Bruxelles : l’arrivée de 23 députés du Front National au Parlement européen (PE). L’obtention potentielle de postes stratégiques s’est donc limitée aux 51autres parlementaires français siégeant dans des groupes politiques influents au sein du PE.
Mais les mauvaises habitudes des élus hexagonaux – pour qui le Parlement est souvent vu comme une « salle d’attente » avant d’obtenir un mandat au niveau local ou national – explique aussi ce recul par rapport à l’Allemagne. Au cours de la précédente législature, 18 % des élus français ont abandonné leur siège à Bruxelles pour un autre poste, contre 4 % seulement chez les Allemands.
Résultat : ces derniers sont bien plus nombreux à obtenir des fonctions stratégiques au PE. Ils occupent actuellement 56 postes influents contre 26 pour les Français. L’Allemagne a ainsi obtenu la présidence du PE, deux postes de vice-présidents, cinq présidences de commissions parlementaires ainsi que trois présidences de groupe. Quant à la France, elle ne compte qu’un seul vice-président du PE et deux présidents à la tête de commissions jugées peu stratégiques (budget et pêche). Avec ces piètres résultats, l’Allemagne n’est d’ailleurs pas le seul pays à devancer la France. L’Italie a obtenu 29 postes importants, le Royaume-Uni 28.
La même constatation s’impose au sein même des grandes familles politiques où la montée en puissance du FN a également érodé l’influence des élus français. Deuxième délégation en nombre d’eurodéputés, la France n’est qu’en troisième position au sein du groupe de centre-droite PPE, le plus important du Parlement. La délégation française socialiste représente la sixième force du groupe S&D. Chez les Verts et les libéraux, les Français se trouvent désormais à la seconde place.
Plus de parité avec l’Allemagne au Conseil
Dans les autres institutions communautaires, le bilan est moins alarmant pour la France. Au Conseil, elle s’affirme comme la quatrième nation en termes de ressortissants après la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne. Mais, si depuis le 1er novembre le nombre de voix dont le pays dispose est passé de 8,4 % à 12, 98 %, ce gain de voix est à relativiser, souligne le rapport car « la France perd sa parité historique avec l’Allemagne qui dispose à présent de 15,93 % des voix».
Reste heureusement la Commission européenne dont le renouvellement a été plus favorable aux Français. Au sein des cabinets des commissaires européens, on compte aujourd’hui 29 Français, contre 28 sous le précédent exécutif européen.Les Allemands sont eux représentés par 25 nationaux auprès des différents commissaires, mais ils sont 4 à occuper les positions de chef de cabinet et 5 d’adjoints, contre seulement un chef de cabinet pour la France, et 5 adjoints.
K.L à Bruxelles
Le rapport est téléchargeable en Pdf sur notre site dans la rubrique « Etudes et rapports » : cliquez sur : L’influence française par la présence dans les institutions européennes (Fondation Robert Schuman)