La Commission européenne a publié le 13 février ses prévisions économiques dites « d’hiver ». Bonne nouvelle : un an après le déclenchement de la guerre en Ukraine, elles sont moins négatives que prévu pour 2023, avec la perspective d’une récession qui s’éloigne et des prévisions de croissance relevées à + 0,8 % pour l’UE et à + 0,9 % pour la zone euro. Revue de détail, pays par pays.
En 2022, l’Union européenne a été résiliente : après la forte expansion enregistrée au premier semestre de 2022, la croissance a marqué le pas au troisième trimestre. Mais malgré « des chocs négatifs exceptionnels » tels que la forte inflation et la crise énergétique, l’économie de l’UE a évité la contraction que les prévisions de l’automne annonçaient pour le quatrième trimestre. Le taux de croissance annuel pour 2022 est désormais estimé à 3,5 % tant pour l’UE que pour la zone euro.
Les prévisions de l’automne faisaient donc craindre une récession, mais ce spectre s’éloigne. Que s’est-il passé ?
Plusieurs évolutions favorables se sont produites depuis, explique la Commission : grâce à la diversification des sources d’approvisionnement et à la forte baisse de la consommation, les niveaux des stocks de gaz sont restés supérieurs à la moyenne saisonnière des dernières années, tandis que les prix de gros du gaz sont tombés bien en dessous des niveaux d’avant la guerre. En outre, le taux de chômage est demeuré à son plus bas historique (6,1 %) jusqu’à la fin de 2022. « La confiance s’améliore, et les enquêtes de janvier indiquent que l’activité économique devrait aussi échapper à une contraction au premier trimestre de 2023 » indique la Commission.
Les turbulences restent cependant fortes. En janvier, le pouvoir d’achat des ménages reste érodé par les prix élevés de l’énergie et la hausse du taux d’inflation sous-jacente (inflation globale hors énergie et aliments non transformés). En outre, les tensions inflationnistes persistent, de même que les restrictions monétaires (hausse des taux d’intérêt), pesant sur l’activité des entreprises et freinant l’investissement.
Néanmoins, les prévisions économiques intermédiaires de l’hiver sont plus positives qu’à l’automne : elles tablent donc sur une croissance de + 0,8 % dans l’UE et de + 0,9 % dans la zone euro en 2023, soit respectivement 0,5 et 0,6 points de pourcentage de plus que précédemment. Le taux de croissance prévu pour 2024 reste inchangé, à + 1,6 % pour l’UE et + 1,5 % pour la zone euro, soit une nette accélération.
Les prévisions de croissance par pays en 2023
(évolution du PIB réel)Monde (hors UE) : + 3 %
Zone euro : + 0,9 %
Allemagne : + 0,2 %
Autriche : + 0,5 %
Belgique : + 0,8 %
Chypre : + 1,6 %
Croatie : + 1,2 %
Espagne : + 1,4 %
Estonie : + 0,0 %
Finlande : + 0,2 %
France : + 0,6 %
Grèce : + 1,2 %
Irlande : + 4,9 %
Italie : + 0,8 %
Lettonie : + 0,0 %
Lithuanie : + 0,3 %
Luxembourg : + 1,7 %
Malte : + 3,1 %
Pays-Bas : + 0,9 %
Portugal : + 1 %
Slovaquie : + 1,5 %
Slovénie : + 1 %Hors zone euro
Bulgarie : + 1,4 %
Danemark : + 0,1 %
Hongrie : + 0,6 %
Pologne : + 0,4 %
Rép. Tchèque : + 0,1 %
Roumanie : + 2,5 %
Suède : + 0,8 %Total UE : + 0,8 %
Le pic de l’inflation est passé
Autre indicateur mieux orienté : l’inflation. « Trois mois consécutifs de modération de l’inflation globale semblent indiquer que le pic est désormais derrière nous, comme annoncé dans les prévisions de l’automne » indique la Commission. Après avoir atteint un record historique de 10,6 % en octobre, le rythme d’inflation est retombé par la suite à 8,5 % dans la zone euro, grâce à la baisse de l’inflation énergétique.
Du coup, de 9,2 % en 2022, l’inflation globale dans l’UE devrait retomber à 6,4 % en 2023, puis à 2,8 % en 2024. Dans la zone euro, elle devrait décélérer pour passer de 8,4 % en 2022 à 5,6 % en 2023, puis à 2,5 % en 2024.
Bien que l’incertitude entourant les prévisions demeure élevée, les risques pesant sur la croissance sont globalement équilibrés, estime la Commission. La demande intérieure pourrait se révéler plus forte que prévu si les baisses récentes des prix de gros du gaz se répercutent davantage sur les prix à la consommation et si la consommation résiste mieux que prévu. Néanmoins, une éventuelle inversion de cette tendance ne peut être exclue dans un contexte de tensions géopolitiques persistantes. La demande extérieure pourrait également se révéler plus robuste à la suite de la réouverture de la Chine, mais cela pourrait alimenter l’inflation mondiale.
Les risques en matière d’inflation, qui se reflètent dans certains des risques identifiés pour la croissance, restent largement liés à l’évolution des marchés de l’énergie. Pour 2024 en particulier, les risques de hausse de l’inflation sont très présents, dans la mesure où les tensions sur les prix pourraient être plus larges et plus enracinées que prévu si la croissance des salaires devait se stabiliser à des taux supérieurs à la moyenne pendant une période prolongée.
C.G
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