L’Afrique affiche une croissance insolente. Et prend confiance en elle. C’est ce qui ressort des débats de l’édition africaine du World Economic Forum (WEF), qui s’est tenu du 4 au 6 mai au Cap, en Afrique du Sud. 900 dirigeants, hommes d’affaires et universitaires venus de 60 pays y ont esquissé des pistes de développement du continent. Pour que celui-ci ne subisse plus la mondialisation, mais y participe pleinement.
Comparées à celles des pays développées, les économies africaines affichent une croissance insolente. Selon le Fonds monétaire international (FMI), le PIB de l’Afrique devrait croître de 5,5 % cette année et de 5,8 % en 2012. La banque Standard Chartered prédit une croissance moyenne de 7 % au cours des 20 prochaines années. Soit plus que la Chine. « La crise a changé la donne. Tandis que l’Europe et les États-Unis vont mettre du temps à s’en sortir, c’est le monde émergent qui a apporté des solutions. Les BRICS [Brésil, Russie, Inde, Chine Afrique du Sud] nous montrent qu’une autre voie est possible, a déclaré Jakob Zuma, le président de l’Afrique du Sud, au cours du World Economic Forum (WEF), qui s’est tenu du 4 au 6 mai au Cap, en Afrique du Sud. Les pays développés donnaient des conseils à l’Afrique, mais, aujourd’hui, nous voulons participer à la discussion et développer des partenariats économiques qui nous profitent pleinement. »
Pour l’instant, l’Afrique vit des exportations de ses matières premières, valorisées ailleurs. Mais elle entend rapatrier sur son sol la création de valeur ajoutée. En développant des industries de transformation, mais aussi en produisant des biens de consommation, qu’elle importe massivement. La classe moyenne africaine, qui émerge, en est gourmande. Ce nouveau marché intéresse les multinationales, mais également les entreprises privées africaines, en pleine expansion.
Autre leitmotiv de ce forum : il faut désormais négocier d’égal à égal avec l’encombrant investisseur chinois. Si ce dernier permet à beaucoup de pays de se doter d’infrastructures, ses dérives lui font mauvaise presse. Le géant asiatique, rompu aux particularités d’un marché émergent, s’est taillé une large part du gâteau dans cette zone dont le climat des affaires apparaît souvent comme déplorable. Corruption, manque d’infrastructures, instabilité politique… L’Afrique fait peur. Pourtant, dans quelques pays, majoritairement anglophones (Afrique du Sud, Botswana, Ghana, Angola…), il est tout à fait possible de faire des affaires dans de bonnes conditions.
Sophie Creusillet