En visite officielle à Paris du 3
au 5 mai, le Premier ministre pakistanais Syed Yusuf Raza Gilani a assisté au
siège du Medef à la signature du Mémorandum of understanding (MOU), portant
sur la création du Conseil des affaires franco-pakistanais.
Le MOU a été signé par Jean Burelle, président de Medef International, et Kamran
Mirza, directeur exécutif du Conseil des affaires pakistanais, en présence des
deux co-présidents de la nouvelle structure, Michel Benezit, directeur général raffinage et marketing de Total, et Zakir Mahmood, P-dg d’Habib Bank.
L’objectif général est de
promouvoir « le commerce et la coopération économique » dans des
secteurs variés, allant de la banque à la défense, en passant par l’environnement,
l’énergie ou les télécommunications. Le texte assez court prévoit que les deux
parties signataires s’engagent à renforcer leurs relations de partenariat, à
organiser des visites, des séminaires, à échanger des informations, à
coordonner leurs efforts dans le but de faciliter la réalisation de projets
communs ou encore à communiquer sur leur perception des obstacles en matière d’investissements
et de commerce.
Et des obstacles, il en a été
question au Medef. Total, L’Oréal et Lafarge ont évoqué des problèmes
d’imposition et de taxation. Legrand s’est inquiété des risques de copie et de
contrefaçon. Enfin, GDF Suez a rappelé que la Cour suprême du Pakistan, citant
des irrégularités dans le processus d’appel d’offres, avait annulé, en avril
2010, un contrat d’importation de gaz naturel liquéfié de 3,5 millions de
tonnes par an qui lui avait été attribué quelques mois plus tôt.
Cotecna Inspection a, de son
côté, abordé le sujet délicat des contrôles aux frontières. Et pour cause. Rien
qu’au moins d’avril la Direction nationale anti-corruption (DNA) du Pakistan a
procédé à des opérations de nettoyage, impliquant plusieurs dizaines de
douaniers. A Karachi, on assure que près d’un quart des marchandises destinées
à l’Afghanistan en transit dans cette ville restent au Pakistan.
Au Medef, Syed Yusuf Raza Gilani
s’est contenté d’assurer que son gouvernement étudierait les cas des
entreprises qui rencontrent des difficultés. En revanche, il s’est montré plus
loquace quand Thierry Courtaigne, vice-président, directeur général de Medef
International, lui a demandé de parler de la politique nationale de la lutte
contre l’insécurité.
Le Premier ministre a, d’abord,
regretté « la mauvaise perception » que donne le terrorisme de son
pays, invitant les entreprises françaises à se déplacer pour découvrir
« le Pakistan réel ». Ensuite, il a répondu aux vives critiques
venant notamment des États-Unis, qui reprochent au Pakistan de ne pas avoir
découvert la cache d’Oussama Ben Laden, située dans une résidence proche de
l’académie militaire d’Abbottabad, à 60 kilomètres
d’Islamabad.
Aux lendemains de la mort du leader d’Al-Qaïda, le chef du gouvernement
pakistanais a déclaré à Paris qu’il « y a un raté des services de
renseignements du monde entier et pas seulement de ceux du Pakistan ».
Après avoir reporté plusieurs
fois son voyage à Paris, Syed Yusuf Raza Gilani avait décidé, cette fois, de maintenir son
séjour en France, malgré l’annonce de la mort d’Oussama Ben Laden. Mais compte
tenu maintenant des soupçons de la communauté internationale, il est probable
que le Premier ministre n’obtiendra pas de la France l’appui qu’il souhaitait.
Paris et Islamabad devraient conclure, le 5 mai, un accord à minima. La France
se contentera certainement d’aider le Pakistan à renforcer ses capacités
d’intervention, en livrant des matériels non sensibles et en s’engageant à former
du personnel spécialisé.
François Pargny