Aider les Ukrainiens à passer l’hiver en remettant en état les infrastructures critiques tout en préparant l’après-guerre et la reconstruction : tels sont les objectifs des deux conférences, l’une multilatérale et l’autre bilatérale, qui se tiennent à Paris le 13 décembre prochain à l’initiative des présidents Macron et Zelensky. Quelques 500 entreprises françaises sont attendues sur le volet bilatéral, un signe de l’importance de la mobilisation française sur ce dossier, avec des financements et du savoir-faire.
Concernant le volet multilatéral, les entreprises n’y sont pas directement conviées mais elles pourraient être sollicitées pour la mise en œuvre des solutions que nécessitent les urgences. Il ne faut donc pas qu’elles s’en désintéressent.
La conférence « Solidaires du peuple ukrainien » prévue dans la matinée du 13 décembre et « issue d’une initiative conjointe des deux présidents ukrainiens et français », ne vise pas, en effet, à reproduire les grands-messes de bailleurs de fonds internationaux déjà organisées à Lugano (4-5 juillet) ou Berlin (25 octobre) qui préparent la reconstruction d’après-guerre.
A Paris, il s’agit d’obtenir des aides concrètes et à court terme pour soutenir « la résilience immédiate » de l’Ukraine « pendant la guerre », « dans les semaines et les mois qui viennent », souligne-t-on à l’Elysée.
Une nouvelle plateforme en ligne
pour coordonner l’aide internationale
Assurer la distribution d’eau et éviter le gel des canalisations, maintenir des approvisionnements alimentaires et réparer des infrastructures de transport essentielles, rétablir l’électricité et remettre en état des infrastructures de santé… Autant de domaines dans lesquels les Ukrainiens attendent des soutiens immédiats, et en nature. Alors que les bombardements russes visent systématiquement des infrastructures civiles depuis octobre, l’enjeu est d’obtenir de l’aide concrètes d’ici à la mi-mars 2023, soit pour l’hiver.
Parmi les « livrables » prévus lors cette conférence multilatérale, la mise en place d’une nouvelle plateforme Internet visant à mieux coordonner l’aide internationale à l’Ukraine : les besoins ukrainiens y seront actualisés au fil des jours et des semaines, tandis que les bailleurs et donateurs pourront y partager ce qu’ils font pour y répondre.
Signe de l’importance accordée au plus haut niveau à ce premier volet : le Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal sera présent en personne, et le président Volodymyr Zelensky fera une intervention en visioconférence. Les deux conférences du matin et de l’après-midi seront ouvertes par Emmanuel Macron. Quelque 47 Etats seront représentés, ainsi que l’Union européenne, représentée par la présidente de la Commission Ursula Von der Leyen, et 22 organisations et institutions internationales.
Bercy prévoit de débloquer 1,2 milliards d’euros
pour soutenir les projets export des entreprises
Sur le volet bilatéral, la conférence de l’après-midi, consacrée à la résilience et à la reconstruction et organisée par la direction générale du Trésor (DG Trésor), également ouverte par le président Macron et le Premier ministre ukrainien, intéresse plus directement les entreprises françaises, dont au moins 500 seront présentes, selon l’Elysée.
« Il s’agit de montrer la force de l’équipe de France » souligne-t-on. La signature de contrats est annoncée, notamment en matière d’infrastructures agro-industrielles. Bercy veut montrer que tout l’arsenal des aides à l’export est mobilisé : une enveloppe de 1,2 milliard d’euros de financements et de garanties export sont prévus pour soutenir les projets des entreprises tricolores. « Il s’agit de montrer aux entreprises françaises que nous pouvons les accompagner » souligne-t-on à l’Elysée.
Dernièrement, dans le cadre du soutien financier de la France à l’Ukraine, une nouvelle aide budgétaire de 100 millions d’euros a été accordée au gouvernement de Kiev, via l’Agence française de développement (AFD), aide budgétaire qui s’ajoute à un précédent prêt de 300 millions décaissé en mars dernier.
Le 13 décembre, il s’agira de dégager des projets concrets, impliquant des acteurs ukrainiens et français, dans cinq grands secteurs prioritaires en matière d’infrastructures critiques : eau, énergie, appui aux infrastructures agroalimentaires, nouvelles technologies et numériques, santé. « Nous voulons connecter les savoir-faire français aux besoins ukrainien » insiste-t-on à l’Elysée.
A travers séances plénières et ateliers, cette conférence permettra notamment aux Ukrainiens d’exposer leurs besoins et leur vision de l’après-guerre. En l’occurrence, pour Kiev, ce dernier s’inscrit dans le « build back better » déjà évoqué par le président Zelinsky à diverses devant ses partenaires et alliés, allusion à une Ukraine qu’il souhaite voir faire des sauts technologiques à l’occasion de sa reconstruction, alors que le pays est entré dans une phase d’adhésion à l’Union européenne en juin dernier. Rostyslav Shurma, chef adjoint du Bureau du président et Sergiy Tsivkach, directeur générale de UkraineInvest, seront présents.
Les entreprises auront l’occasion, de leur côté, d’exposer les solutions qu’elles peuvent mettre en œuvre, à l’instar d’Egis et Dassault Systèmes, qui ont conçu une plateforme numérique pour la reconstruction du pays. Si les représentants organisations et fédérations professionnelles ont été conviées, de même que des réseaux d’affaires tels que la CCI française en Ukraine, les Conseillers du commerce extérieur, la french Health Care ou la French Tech Kyiv, « n’importe quelle PME peut y participer et se tenir au courant des projets » assure-t-on à l’Elysée.
Impossible de donner la liste de toutes les entreprises et organisations qui participeront. Parmi celles qui sont citées par les organisateurs, si les grandes entreprises seront bien représentées (Matières, Enedis, Atos, Soufflet, Lactalis, Lidea, Crédit Agricole…), des PME seront également présentes à l’instar de Toutenkamion ou Neo-Eco. Cette dernière, spécialiste de la réutilisation de matériaux de construction issus de bâtiments déconstruits, a d’ores et déjà obtenu une enveloppe de 0,6 million d’euros du Fasep (Fonds d’étude et d’aide au secteur privé), un dispositif géré par le Trésor, pour mener l’étude de faisabilité d’un projet de reconstruction dans la ville d’Hostomel, près de Kiev.
A suivre…
Christine Gilguy
Plus d’information sur la conférence bilatérale organisée par la DG Trésor : cliquez ICI