A son retour du G20 – où les leaders des grandes puissances discutaient, en marge du sommet, de l’extension des sanctions contre la Russie* – Jean-Claude Juncker s’impliquait personnellement pour un réchauffement des relations avec Moscou. Dans une lettre envoyée aux autorités russes, le président de la Commission européenne propose ainsi de reconsidérer les relations commerciales entre l’UE et l’Union économique eurasienne.
Pas question pour autant de faire cavalier seul : « les circonstances dans lesquelles nous devrons procéder dépendra de la décision des États membres et de le mise en œuvre des accord de Minsk », écrit-il dans sa missive, dévoilée par l’agence Reuters. Il dit aussi « regretter » que des relations plus étroites n’aient pas pu se développer au cours de ces dernières années. « Je peux vous assurer que la commission européenne restera un partenaire utile et solide dans ce processus », ajoute-t-il enfin.
Une main tendue aussitôt rejetée par le Kremlin. Selon Dmitry Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, la corrélation faite par la Commission avec la mise en œuvre des accords de Minsk « surtout dans les conditions actuelles où Kiev prouve à nouveau sa réticence à honorer ces accords », rendent l’offre « ni pertinente, ni envisageable ».
Mais à Bruxelles, Jean-Claude Juncker n’est pas le seul à vouloir tisser de nouveaux liens avec Moscou. Certains élus européens du groupe socialiste ont eux aussi brisé un tabou en invitant au Parlement européen (PE), au début de la semaine dernière, plusieurs de leurs homologues russes, ainsi qu’un conseiller au Kremlin, pour participer à une audition. Martin Schulz, le président du PE et Federica Mogherini, la haute-représentante européenne, étaient eux aussi conviés à prendre part au débat. Leur participation a finalement été discrètement annulée après le dépôt d’une plainte par 17 eurodéputés, pour la plupart issus des pays de l’est de l’Europe.
Deux événements prochains viendront déterminer les relations futures entre Bruxelles et Moscou : le maintien ou non des sanctions contre la Russie – décision attendue à l’issue du prochain Sommet européen mi-décembre – et la mise en œuvre de l’accord de libre-échange UE/Ukraine programmé pour le 1er janvier 2016. La Russie a averti qu’elle pourrait imposer un embargo sur les marchandises ukrainiennes à partir de cette date. Une menace prise très au sérieux à Kiev. Lundi 23 novembre, le premier ministre Arseni Iatseniouk, a annoncé la décision de son gouvernement de suspendre les livraisons de marchandises vers la Crimée. « L’Ukraine répond de façon réciproque », a-t-il martelé dans un communiqué.
Cecilia Malsmtröm, la commissaire au Commerce, a invité les deux parties, à Bruxelles, le 1er décembre, pour une nouvelle réunion trilatérale, la 12e depuis le début du conflit. Objectif : évaluer les conséquences, pour la Russie, de l’établissement d’une zone de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire au sommaire de la Lettre confidentielle de cette semaine :
– UE/Russie : vers une prolongation des sanctions européennes contre Moscou ?
– UE/Russie : l’impact des sanctions reste difficile à mesurer