Environ 3,5 millions d’emplois pourraient être menacés en Europe, au cours des trois à cinq prochaines années, si l’Union européenne (UE) décidait d’accorder à la Chine son statut d’économie de marché. Telle est la principale conclusion d’une étude présentée le 18 septembre à Bruxelles par AEGIS, un groupement de 30 associations industrielles, au moment où la Commission réexamine le statut d’économie non marchande (Lire notre article dans la LC ICI).
Par ailleurs, si ce statut était octroyé à la Chine, l’UE perdrait sa capacité de mettre en place des mesures anti-dumping, selon cette étude. « Les producteurs européens s’exposeraient à un afflux de produits bon marché », estime le professeur Robert Scott, directeur de la recherche sur la politique commerciale et industrielle à l’Economic Policy Institute (EPI) de Washington et auteur d’origine américaine de l’étude. Des pertes nettes pour l’économie européenne pouvant aller jusqu’à 2 % de son PIB, pronostique cet expert.
Cinquante mesures anti-dumping imposées par l’UE et actuellement en vigueur risquent dès lors de devenir caduques et « la Chine serait en mesure d’étendre sa stratégie de dumping dans l’ensemble des secteurs manufacturiers européens », a surenchéri de son côté Milan Nitzschke, porte-parole d’AEGIS Europe.
La publication de cette étude accablante, alors que la Commission n’a pas encore pris sa décision, n’est évidemment pas un hasard. L’initiative s’inscrit dans une stratégie globale mise en œuvre par cette fédération. La semaine passée, des lobbyistes d’AEGIS Europe auraient ainsi rencontré une douzaine d’eurodéputés ainsi que Leon Delvaux, conseiller clé de l’équipe de Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne. Selon le site d’information politico.eu, ces mêmes responsables se seraient aussi entretenus avec cinq commissaires, notamment ceux en charge du Commerce et de l’investissement. Objectif non dissimulé : convaincre les indécis au sein de l’exécutif européen, qui semble avoir du mal à trancher.
Pour Milan Nitzschke, les Européens doivent s’aligner sur d’autres grands pays : « D’autres partenaires commerciaux, tels que les États-Unis ou le Japon, n’ont pas l’intention d’accorder le statut d’économie de marché à la Chine : il n’y a aucune raison pour que l’UE n’en fasse pas de même ».
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger
Lire dans la Lettre confidentielle aujourd’hui : La pression monte à Bruxelles : la Chine mérite-t-elle le statut d’économie de marché ?
Pour aller plus loin
L’étude de l’EPI est téléchargeable sur le site Internet de cet Institut, cliquez sur : www.epi.org