Trois ans après le déclenchement de la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie, la guerre continue, malgré l’avalanche de sanctions prises à l’encontre de Moscou par les alliés de Kiev, en premier lieu l’Union européenne (UE). Inefficace les sanctions contre la Russie ? La réalité est plus nuancée. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Ce lundi 24 février, jour du troisième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont entériné un seizième paquet de sanctions à l’encontre de la Russie. Au menu, notamment, une interdiction progressive des importations d’aluminium primaire, l’un des rares secteurs industriels majeurs à avoir été épargné jusque-là. Finance, charbon, pétrole, transports, technologies, armements, biens à double usage, semi-conducteurs, caviar, ciment, or, diamants, et donc aluminium…
Depuis trois ans, des mesures d’une intensité inédite ont été imposées par l’UE, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, ou encore le Japon et l’Australie sur une multitude de secteurs russes.
Et pourtant, en dépit des attentes initiales dans le camp occidental, l’économie russe ne s’est pas effondrée, et le Kremlin continue de financer son effort de guerre. De là à conclure à l’inefficacité des sanctions ?
Le revenu disponible des ménages russes est inférieur de 20 à 25 % à ce qu’il était avant l’invasion
Pas si vite… Certes, la Russie contourne largement ces mesures : une partie de ses ventes d’hydrocarbures est ainsi redirigée vers la Chine, l’Inde ou l’Arabie saoudite, quand une « flotte fantôme » permet au pays de vendre – entre autres – son pétrole dans les pays occidentaux.
Mais ces contournements, que l’UE s’efforce au fur et à mesure de rendre de plus en plus difficiles, sont en eux-mêmes très coûteux. Le 16ème train adopté lundi (24 février) ajoutera ainsi 73 navires russes de la flotte fantôme sanctionnés aux 79 déjà répertoriés par Bruxelles.
À regarder les chiffres, l’économie russe, très largement réorientée vers l’effort de guerre, est à l’évidence beaucoup plus fragile qu’avant le 24 février 2022 [date du déclenchement de la tentative d’invasion], relève une récente note du groupe de réflexion Economics Observatory s’appuyant sur les chiffres du FMI.
« Après trois ans de guerre, le PIB russe est désormais inférieur de 10 à 12 % aux tendances d’avant l’invasion. Le revenu disponible des ménages est inférieur de 20 à 25 % à ce qu’il aurait été sans le conflit », lit-on. Autre signe sombre : l’inflation à son plus haut, et les taux d’intérêt nationaux en Russie actuellement supérieurs à 20 %.
Cependant, l’effet des sanctions serait sévèrement affaibli si les États-Unis décidaient de revenir sur leurs propres mesures à la faveur des négociations avec Moscou sur la fin de la guerre en Ukraine.
« Les seize paquets de sanctions pris depuis 2022 donnent aux Européens un levier pour obtenir un siège à la table des négociations », considère pour sa part Les Echos.