Nouveau et peut être dernier rebondissement dans la saga des négociations sur le ‘Brexit’. Si le scénario d’un « no deal » n’est pas encore totalement écarté, un accord serait « à portée de main », confiait-on cette semaine à Bruxelles. Un refrain souvent entendu mais qui semble cette fois s’appuyer sur des avancées réelles. Qu’en est-il ?
Une nouvelle proposition – émanant des équipes de Michel Barnier, le négociateur en chef côté européen – pourrait enfin démêler l’épineuse question de la frontière irlandaise, principal obstacle à la signature de l’accord sur le ‘Brexit’. Theresa May aurait « obtenu des concessions de Bruxelles », titrait dimanche 4 novembre, le Sunday Times. Pour éviter le retour d’une frontière en dur entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande – seul impératif sur lequel tout le monde s’accorde – l’UE serait prête à accepter que le Royaume-Uni reste temporairement au sein de l’union douanière, le temps de définir et de s’accorder sur la relation future entre les deux blocs.
Une main tendue par la Commission européenne qui avait d’abord suggéré de mettre en place un filet de sécurité -ou « backstop »- prévoyant de maintenir l’Irlande du Nord dans l’union douanière et le marché unique, si aucune autre solution n’était trouvée. Jugée inacceptable par les Britanniques – car elle érigerait, de facto, une frontière entre le Royaume-Uni et sa province d’Irlande du Nord- la proposition avait été catégoriquement rejetée, laissant les pourparlers dans une nouvelle impasse à quelques semaines de l’échéance fixée par les deux camps pour sceller un accord.
« Le compromis proposé devrait permettre de ménager la chèvre et le chou », se félicite un négociateur européen soulignant le « travail acharné » de Michel Barnier et de ses collaborateurs dans cette phase finale des discussions. Selon ce nouvel accord, l’UE accepterait également que les vérifications des marchandises soient faites dans les usines et magasins plutôt qu’à la frontière. Il prévoit, enfin, une «clause de sortie» du Royaume-Uni de cette union douanière jusqu’à la signature d’un accord de libre-échange plus large. Un gage donné aux ‘Brexiters’ les plus durs, partisans d’une rupture nette avec l’UE, afin de rallier leur soutien à un éventuel accord de divorce lorsqu’il sera soumis au vote du Parlement britannique en décembre.
Si les services de Theresa May ont refusé de commenter l’information, qualifiée de « spéculation », ils assurent néanmoins que les négociations « se déroulent bien ». Le chef de la diplomatie irlandaise, Simon Coveney, a lui aussi déclaré, vendredi 2 novembre, que Dublin et Londres était «très près» de s’entendre sur le problème de la frontière irlandaise. Même optimisme de la part du ministre britannique en charge du ‘Brexit’. Dans une lettre adressée à des parlementaires, Dominique Raab estime pouvoir parvenir à un accord avec Bruxelles d’ici le 21 novembre. « La fin est maintenant en vue, nous pouvons nous frayer un chemin à travers les obstacles qui subsistent », conclut-il.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles