Si la modernisation de l’accord UE / Mexique est en phase de finalisation*, l’avenir du pacte commercial entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur** suscite de vives inquiétudes à Bruxelles. « Nous avons sans doute péché par excès d’optimisme », confiait au Moci récemment un négociateur côté européen.
Initiés en 1999, maintes fois gelés, les pourparlers avaient repris en 2016 dans un contexte plus favorable. « Avec 260 millions de consommateurs, le bloc sud américain représente le cinquième marché mondial », insiste cette même source. Réunis à Buenos Aires à la mi-décembre, lors d’un sommet de l’OMC, négociateurs et hauts responsables politiques des deux camps espéraient finaliser l’accord et ainsi respecter les échéances fixées un an plus tôt.
Mais les réticences, de part et d’autre, ont douché les espoirs de la commissaire au Commerce Cecilia Malmström, qui n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour aboutir à un compromis.
La viande bovine et les biocarburants restent les « chiffons rouges »
Les quotas sur la viande bovine et les biocarburants restent les « chiffons rouges » de ces négociations, avait indiqué Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État français auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères à Bueno Aires. Jugés trop élevés par la France ou l’Irlande, les quotas de 75 000 tonnes de viande par an, proposés par la Commission, ont aussi été rejetés par les pays du Mercosur qui souhaitaient initialement exporter 350 000 tonnes de viande par an.
Autre pierre d’achoppement : la frilosité des États du bloc sud-américain à ouvrir leurs marchés publics, intérêt offensif pour les Européens. « C’est la principale contrepartie exigée en échange de l’ouverture de nos marchés à la viande sud-américaine », explique-t-on à la Commission où l’on estime à 60 000 le nombre d’entreprises européennes qui pourraient bénéficier de la mesure.
« Avec le Mexique, des différends persistent mais l’accord est à portée de main. Dans le cadre des négociations avec le Mercosur il est impossible de garantir, à ce stade, qu’un accord va pouvoir être scellé au cours de ces prochains mois », commente un membre du cabinet de Cecilia Malmström.
En coulisses les deux camps auraient fixé le mois de mars 2018 comme date limite pour finaliser le pacte commercial, « après les marges de manœuvre risquent de se réduire, en particulier pour le Brésil où des élections présidentielles sont programmées en octobre prochain », détaille cet expert. Faute d’avoir fixé une date pour un nouveau round de négociations, les discussions informelles se poursuivent. Les prochaines semaines seront donc déterminantes pour l’avenir de cet accord négocié depuis près de 20 ans.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Lire au sommaire de la Lettre confidentielle d’aujourd’hui : UE / Mexique : Bruxelles devient prudente sur l’issue des négociations de libre-échange
**Mercosur : Marché commun du sud qui associe Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay et Venezuela.
Pour prolonger :
Mercosur / UE : l’accord de libre-échange butte encore sur l’agriculture