L’optimisme affiché au printemps dernier par les négociateurs de l’Union européenne (UE) et du Mercosur pour un accord de libre-échange a pris du plomb dans l’aile. Les offres tarifaires mises sur la table par les Européens en mai dernier* ont été jugées insatisfaisantes par le bloc sud-américain, la semaine passée. « En l’absence d’un accord équilibré, rien ne sera signé », a averti Jorge Taiana, le président du Parlement du Mercosur.
Cet ancien ministre argentin pointe notamment les exigences de l’UE qui offre des « parts de marché assez réduites pour des produits sans aucun degré d’élaboration », mais demande que « le Mercosur ouvre son industrie et ses services ». Autre motif de déception côté sud-américain, l’exclusion du bœuf et de l’éthanol par les Européens, conditions jugées inacceptables par l’Argentine et l’Uruguay, grands producteurs de viande bovine, et par le Brésil, premier exportateur mondial de ce biocarburant.
Les résistances restent nombreuses au sein des deux blocs
« Les pourparlers au niveau technique se poursuivent », assure-t-on à la Commission européenne. « L’accord reste une priorité pour nous », ajoute Bernd Lange, le président de la Commission du commerce international au PE. Avec une délégation de 13 eurodéputés, le conservateur allemand s’est rendu à Buenos Aires la semaine passée pour maintenir la « dynamique autour de ces négociations », bloquées depuis 2004 et relancées cette année. « Il y a des indications claires que dans 60 volets de l’accord, nous pouvons avancer », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, à l’issue d’une réunion avec Susana Malcorra, la ministre argentine des Affaires étrangères.
Mais les résistances restent nombreuses au sein des deux blocs. Côté européen, elles concernent surtout la place des produits agricoles dans ces négociations. « Si nous restons les otages d’intérêts particuliers, aussi légitimes soient-ils, nous ne serons pas en mesure de faire des progrès », a commenté Francisco Assis (Portugal, S&D), membre de la délégation du PE en charge des relations avec les pays du Mercosur.
Les négociateurs se retrouveront en mars 2017 pour un nouveau round de discussions. D’ici là, chaque bloc devra tenter d’aplanir les différends en son sein afin de confirmer la volonté politique, de part et d’autre, d’aboutir à un pacte commercial. L’objectif est de négocier un accord commercial complet, qui couvre non seulement les biens industriels et agricoles, mais aussi les services et les marchés publics et l’amélioration des règles de propriété intellectuelle, des douanes, et des entraves techniques au commerce.
L’UE est le premier partenaire du Mercosur, avec 20 % du commerce de ce bloc en 2013. Le Mercosur est, pour sa part, le sixième marché d’exportation de l’UE. Les principales marchandises exportées du Mercosur vers l’UE sont des produits agricoles (43 % des exportations totales) et des matières premières (28 %), alors que l’UE exporte principalement des produits manufacturés vers le bloc sud-américain, notamment des machines et des équipements de transport (46 % des exportations totales) et des produits chimiques (22 %).
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*UE / Mercosur : les premières offres tarifaires excluent la viande bovine et l’éthanol