Rien ne va plus entre l’Union européenne (UE) et les quatre pays du Mercosur. Alors qu’une nouvelle session de pourparlers sur le projet d’accord de libre-échange doit avoir lieu à Buenos Aires la semaine du 11 mars, les deux blocs semblent afficher des positions de plus en plus divergentes. « Nous ne sommes pas plus proches d’un accord qu’il y a un an. Parce que les pays du Mercosur ont fait machine arrière sur certains produits sur lesquels nous étions parvenus à un accord en 2017 », a commenté Phil Hogan, le commissaire européen à l’Agriculture, interrogé par l’agence Reuters en marge du Salon international de l’agriculture (SIA) à Paris.
Imputant la responsabilité du blocage à la partie adverse, il appelle les quatre pays du bloc -l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay – à « faire des concessions » lors du prochain round de discussions. « Nous verrons alors si l’attitude des pays du Mercosur est de conclure un accord en 2019, s’ils sont sérieux ou non », a précisé Phil Hogan.
Blocage sur sept dossiers… au moins
Mais les questions en suspens sont nombreuses et les espoirs de mener à terme ces négociations entamées en 1999, soit il y a 20 ans, s’amenuisent au fil des mois et des rencontres. Sur sept dossiers au moins, et non des moindres, les deux blocs n’ont toujours pas réussi à s’entendre : les voitures, les pièces détachées des voitures, les règles d’origine, les marchés publics, la question maritime, le lait et les appellations géographiques.
Autant de points d’achoppement cités par Phil Hogan et qui figureront à nouveau au programme des négociateurs dans la capitale argentine le 11 mars. « Le Mercosur n’a pas répondu à nos attentes sur ces sujets et c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas d’accord », a insisté le commissaire irlandais. Un blocage qu’il explique « par des raisons politiques dans les pays du Mercosur ». En ligne de mire ? Le Brésil, dirigé depuis peu par le très populiste Jair Bolsonaro.
L’intransigeance européenne pointée du doigt
Voilà pour la version européenne de l’histoire. Car, dans les États du Mercosur, c’est plutôt l’intransigeance de l’UE qui est pointée du doigt. « Si les pays du bloc sud-américain ont fait preuve d’une certaine fermeté, c’est surtout la position qu’adopteront les négociateurs du vieux continent qui alimente aujourd’hui les doutes et interrogations », analyse Francisco Martirena, journaliste à BAE Negocios, un quotidien économique argentin, dans un article publié le 28 février.
Et pour lui, c’est avant tout le contexte politique au sein de l’UE qui est à l’origine de cette nouvelle impasse dans les négociations commerciales. « L’UE dispose de peu de marge pour se montrer flexible compte tenu de la vague populiste qui a déferlé sur le continent », confirme une source gouvernementale citée dans l’article.
Même son de cloche dans les médias paraguayens qui soulignent, eux aussi, un déséquilibre flagrant dans ces négociations. « L’UE demande des concessions » sur sept dossiers de l’accord, alors que le bloc sud-américain qui « fait pression pour obtenir un meilleur accès au marché agricole, en particulier pour le bœuf », n’a toujours pas obtenu gain de cause, relate El Observador.
L’offre mise sur la table par la Commission, fixant les quotas d’importations à 99 000 tonnes de viande bovine et à 150 000 tonnes de sucre, a, en effet, été jugée insuffisante par le Mercosur qui espère toujours une meilleure proposition de la part de l’UE. « Dans ce contexte, le Mercosur considère qu’il ne peut plus continuer à faire des concessions pour ouvrir son marché aux biens industriels », importés d’Europe, écrit Francisco Martirena.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*https://www.baenegocios.com/negocios/El-Mercosur-y-la-UE-intentan-salvar-una-negociacion-con-varios-ejes-en-conflicto-20190227-0070.html