Malgré les menaces protectionnistes venues d’Outre Atlantique, thème qui a dominé la dernière réunion du G20 à Washington en marge des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, avril aura finalement été fructueux pour l’Union européenne (U.E) en matière de négociations de libre-échange et d’investissement. La Commission a en effet réussi à finaliser les projets d’accord avec Singapour et le Japon, le 18 avril avant de conclure positivement avec le Mexique, le 20 avril, les négociations pour moderniser le traité commercial existant avec ce pays.
Un pas vers l’Asean, une ouverture vers le Japon
Avec Singapour, il s’agit du premier accord de commerce et d’investissement avec un Etat-membre de l’Asean (Association des nations d’Asie du sud-est) aux standards de l’U.E. Un membre clé puisqu’il constitue un véritable hub d’échange pour cette zone, avec près de 10000 sociétés européennes implantées et avec des échanges commerciaux avec l’UE atteignant 53,3 milliards d’euros pour les biens et 44,4 milliards d’euros pour les services. La Commission espère que cet accord sera un modèle pour un futur accord de zone à zone l’Asean.
L’accord de partenariat économique avec le Japon et son volet commercial le JEFTA (Japan-EU Free Trade Agreement), dont les termes ont été scellés le 8 décembre dernier, est considéré par la Commission européenne comme le plus gros accord bilatéral jamais négocié en matière commercial avec un pays tiers, incluant pour la première fois un engagement spécifique vis-à-vis de l’Accord de Paris sur le climat. Outre la réduction des droits de douane sur une majorité des produits exportés par les Européens et l’ouverture du marché agricole japonais, il prévoit la réduction des formalités administratives (fin des doubles tests produits, réduction des redondances administratives…) et la reconnaissance par le Japon de quelque 200 indications géographiques européennes. Il prévoit enfin l’ouverture aux sociétés européennes des marchés publics d’un certain nombre de villes japonaises.
Le Mexique reconnaîtra 340 indications géographiques européennes
Enfin, avec le Mexique, d’après le communiqué de la Commission européenne, les deux parties sont parvenues le 21 avril à un accord de principe pour « un nouvel accord sur le commerce, dans le cadre d’un accord global UE-Mexique plus large et modernisé ». « Avec cet accord, le Mexique et l’Union européenne envoient un message fort sur l’importance du maintien des marchés ouverts » ont de leur côté souligné les ministères mexicains de l’Economie et des Affaires étrangères, alors que le pays est sous pression des Etats-Unis de Donald Trump pour réviser l’Alena (Accord de libre échange nord-américain).
Le nouvel accord avec le Mexique prévoit d’éliminer des droits de douanes résiduels (par exemple sur des produits alimentaires tels que les pâtes ou le chocolats) et créent des quotas d’exportation de lait en poudre européens (55 000 t). Le Mexique a en outre reconnu 340 indications géographiques européennes et ouvert ses marchés dans les télécommunications et les transports. Il prévoit également un accès réciproque et élargi aux marchés publics. Enfin, Mexico a accepté le nouveau système de règlement des différents proposé par Bruxelles.
« Soucieux de défendre un commerce ouvert, équitable et fondé sur des règles.»
Les projets d’accords avec le Japon, Singapour doivent être à présent approuvés par le Conseil européen avant d’être soumis au vote du Parlement européen. L’accord préliminaire avec le Mexique doit être pour sa part finalisé avant de suivre le même chemin.
Mais à travers ces trois annonces, et notamment avec le Mexique, ou la prochaine élection présidentielle se tient début juillet, le message adressé par l’UE est clair : le leader d’un libre-échange ouvert et régulé dans le monde, c’est elle. «Ces accords interviennent à un moment crucial, alors que nous voulons prendre le leade’rship du libre-échange et du multilatéralisme» avait commenté Cecilia Malmström, commissaire au Commerce, à propos de Singapour et du Japon.
«Le commerce peut et doit être un processus gagnant-gagnant et l’accord d’aujourd’hui le démontre, s’est réjoui Jean-Claude Junker, président de la Commission européenne, dans un communiqué le 21 avril saluant l’accord de principe avec Mexico. Avec cet accord, le Mexique rejoint le Canada, le Japon et Singapour dans la liste croissante de partenaires désireux de travailler avec l’UE et soucieux de défendre un commerce ouvert, équitable et fondé sur des règles.». Le processus de ratification devrait toutefois durer plusieurs mois.
Desk Moci
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