Les négociations de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Japon ont entamé leur sprint final. La semaine passée, des sources gouvernementales nippones, citées dans plusieurs quotidiens du pays, estimaient même possible la conclusion des pourparlers techniques d’ici à la fin de l’année. A Bruxelles, la prudence était de mise. Mauro Petriccione, le négociateur en chef de la Commission européenne pour ce dossier, estimait, quant à lui, que les discussions devaient encore se poursuivre. Dans un communiqué publié samedi 17 décembre, à l’issue d’une nouvelle semaine de tractations à Tokyo, il déclarait : « Nous allons devoir continuer à travailler dans les prochaines semaines pour parvenir à un accord de principe équilibré, si possible au début de l’année prochaine ». Les deux parties seraient donc très proches d’un compromis, mais certains volets continuent à bloquer la finalisation d’un accord, en particulier l’automobile et le secteur agricole.
Tokyo souhaite une réduction des tarifs douaniers européens appliqués aux automobiles, aux pièces détachées du secteur et aux équipements électriques. De son côté, l’UE espère la suppression des tarifs douaniers sur les produits agricoles (produits laitiers, porc, vin) et la levée d’une série de barrière non tarifaires. « La dernière phase de discussion est toujours la plus difficile, car ce sont les intérêts offensifs de chaque partie qui sont en jeu », confiait au Moci un proche du dossier au sein de l’exécutif à Bruxelles.
F. Kishida : « les discussions ne doivent pas s’éterniser »
Exportateurs numéro un de produits agricoles dans le monde, les Européens ne veulent pas non plus sacrifier leur secteur automobile. « Nous sommes prêts à ouvrir notre marché complètement, si nous parvenons à atteindre un bon accord qui inclut des solutions adéquates pour des mesures non tarifaires », a indiqué Mauro Petriccione.
Mais pour la première fois depuis longtemps, les Japonais semblent désormais pressés de mettre un terme à ces pourparlers lancés en avril 2013. « Les discussions ne doivent pas s’éterniser. Nous avons convenu de reprendre les négociations dès le mois prochain pour profiter de la dynamique positive qui s’est instaurée », a indiqué Fumio Kishida, le ministre des Affaires étrangères nippon.
L’élection de Donald Trump aux États-Unis n’est évidemment pas étrangère à ce regain d’intérêt de Tokyo pour cet accord de libre-échange négocié depuis plus de 3 ans avec Bruxelles. Le milliardaire a, en effet, annoncé que son pays se retirerait du traité pour le Partenariattrans-pacifique (TPP / Trans-Pacific Partnership) – dont le Japon fait partie – au premier jour de sa présidence. « Depuis la conclusion du TPP, l’an passé, les Japonais étaient hostiles aux compromis. Les choses ont bien changé en un mois », se félicite un négociateur européen, qui croit aux chances d’aboutir à un accord de principe début 2017. Une victoire dont la Commission aurait bien besoin dans un contexte commercial particulièrement instable.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour prolonger :
–Japon, Canada : les accords de libre-échange de l’UE très discutés en marge du G7
–Habillement / Export : les secrets de longévité de Mode in France Tokyo, success story de la French touch au Japon
–UE / Japon : nouveaux retards dans les négociations de libre échange
–France / Japon : l’Afrique et la défense dans le viseur de Jean-Marc Ayrault
–Risques pays / Export : Coface dégrade le Japon et six pays émergents