L’année 2015 verra-t-elle la conclusion de l’accord de libre-échange entre le Japon et l’Union européenne ? Elle était jusqu’ici inscrite dans le nouveau calendrier politique européen et japonais. Or cela semble aujourd’hui un scénario bien optimiste.
Alors que les négociations ont repris avec un rythme soutenu depuis le mois de juillet 2014 et que les Européens se félicitaient des progrès réalisés, cet optimisme s’est envolé lors de la huitième réunion des négociateurs européens et japonais, organisée à Tokyo mi-décembre dernier, selon des sources européennes. Les Européens seraient ainsi retournés à la réalité au cours de négociations qui se sont conclues par un statu-quo. L’incertitude politique créée par les élections législatives anticipées, remportées par le parti du Premier ministre Shinzo Abe, dimanche 14 décembre, aurait aussi pesé sur des négociations qui se sont prolongées bien au delà des cinq journées réglementaires.
Les points de blocage qui persistent
Une des sources de désaccord a notamment porté sur les indications géographiques. Alors que les Européens souhaitent une protection spécifique, une nouvelle législation japonaise promeut une protection générique des indications géographiques. Les deux parties n’ont pu que se mettre d’accord pour faire une « évaluation des problèmes » avant le prochain cycle de négociation attendue pour fin février 2015. Plus généralement, la question des offres sur les marchés publics devra « faire l’objet d’efforts supplémentaires » affirme une source européenne.
Mais c’est la seconde liste de barrières non tarifaires, élaborée par les Etats membres et présentée aux autorités japonaises juste avant la réunion, qui aurait bloqué les discussions. Les Européens n’ont obtenu aucun engagement japonais sur les barrières non tarifaires listées, que ce soit dans le secteur de l’automobile, des additifs alimentaires ou des boissons alcoolisés. Pire, les Japonais ont manifesté leur mécontentement pour une liste qui oblige le gouvernement à modifier la législation avant la fin de l’année 2015.
En filigrane les Japonais – qui négocient en parallèle les termes du Partenariat transpacifique (TPP) avec les Etats-Unis – ont marqué leur préférence pour ce dernier objectif. Alors que les Américains ont fixé à avril 2015 la conclusion de ce partenariat, les négociations se poursuivent sur la question des normes agricoles et les Européens semblent arriver avec un train de retard.
Si le nouveau cycle de négociation est fixé au 23 février prochain, la dixième réunion entre les négociateurs pourrait ne pas avoir lieu avant avril. On attend en effet toujours que soit fixé la date pour le prochain Sommet entre l’Union européenne et le Japon. Et la conclusion ou non du Partenariat transpacifique pourrait jouer dans la balance.
Loreline Merelle, à Bruxelles