Exit le plan Juncker et son bras financier, le Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS), place à InvestEU. Pas question bien sûr de remettre en cause l’efficacité du programme lancé par l’actuel président de la Commission en 2014, et qui a déjà mobilisé 284 milliards d’euros, principalement des capitaux privés, soit plus de la moitié de son objectif pour 2020. L’idée est de faire la même chose « en plus simple et mieux doté », selon le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen qui présentait l’initiative le 6 juin à Bruxelles.
InvestEU sera un instrument unique, regroupant quatorze fonds existants, avec pour rôle de garantir des prêts pour injecter, dans l’économie européenne, 650 milliards d’euros d’investissement au terme des sept années de la prochaine programmation financière (2021-2017). « Par conséquent, nos instruments financiers seront plus faciles à utiliser pour les bénéficiaires », souligne Jyrki Katainen. La simplification permettra par ailleurs de faire plus avec moins, puisque « rassembler les instruments existants peut déboucher sur plus d’investissement », a-t-il indiqué.
Infrastructures durables, innovation et PME
A l’instar du FEIS, le nouvel instrument fournira une garantie budgétaire fixée à 38 milliards d’euros afin d’encourager le secteur privé à investir davantage. Mais l’enveloppe s’articulera cette fois autour de trois axes, chacun doté de 11,5 milliards d’euros : les infrastructures durables ; la recherche, l’innovation, la numérisation ; et les PME (petites et moyennes entreprises). Un quatrième pilier, disposant d’une enveloppe de 4 milliards, sera dédié à l’investissement social.
Autre nouveauté : la prise en compte de la dimension régionale, un aspect qui selon les critiques n’existe pas dans le plan Juncker. La Commission prévoit donc d’autoriser les États membres à utiliser une partie (5%) des subsides des fonds de cohésion pour compléter la garantie d’InvestEU. En prenant appui sur la forte crédibilité du fonds européen, les États pourraient ainsi « conférer une plus grande portée aux investissements nationaux et régionaux », selon l’exécutif européen.
Des partenaires financiers en plus de la BEI
Si la Banque européenne d’investissement (BEI) restera le principal partenaire financier d’InvestEU, d’autres institutions, telles que des banques nationales et régionales, devraient également prendre part au programme du fait de leur « connaissance approfondie du marché local ou d’une plus grande capacité à partager les risques avec l’UE dans certains domaines », souligne un communiqué de la Commission.
InvestEU « est un exemple de quand et où l’Europe peut faire la différence », s’est félicité Luca Jahier, président du Comité économique et social européen (CESE). Cet organe consultatif de l’UE, représentant les partenaires sociaux, estime lui aussi que l’investissement reste le « maillon faible de la reprise en Europe ». Car si le déficit d’investissement s’est résorbé au cours des deux dernières années – passant de 196 milliards d’euros en 2015 à 123 milliards en 2017, il n’a toujours pas retrouvé son niveau d’avant-crise.
Kattalin Landaburu