Cet article a fait l’objet d’une Alerte diffusée aux abonnés de la Lettre confidentielle dès le 8 janvier.
Le dialogue se poursuit entre Bruxelles et Washington sur les questions commerciales. Cecilia Malmström, la commissaire au Commerce, a atterri le 8 janvier dans la capitale américaine pour rencontrer son homologue Robert Lighthizer. Motif de cette visite : faire avancer les négociations commerciales, initiées en septembre dernier, à la suite de la trêve scellée quelques mois plus tôt entre Donald Trump et Jean-Claude Juncker. Qu’en attendre ?
Si les précédentes sessions de pourparlers n’ont pas permis d’avancées majeures, la Commission dispose cette fois de « nouvelles munitions qui montrent que l’UE respecte sa part du contrat », se félicite-t-on à Bruxelles. Outre l’objectif « zéro droit de douane, zéro barrière non tarifaire et zéro subvention sur les biens industriels, hors automobile », les Européens s’étaient engagés à acheter plus de soja et de gaz naturel américains afin de satisfaire les intérêts offensifs des Etats-Unis.
Progression de 112 % des exportations américaines de soja dans l’UE
Dans une étude judicieusement publiée le 7 janvier, la veille du voyage officiel de la commissaire suédoise, l’exécutif pointe une augmentation de 112 % des importations de soja américain en Europe au cours des 6 derniers mois. Une progression qui place les Etats-Unis au rang de premier exportateur de soja à destination de l’Union européenne (UE), loin devant le Brésil, qui a vu les ventes de ce produit en Europe se réduire de 23,5 % au cours de cette même période.
« 28 % du soja américain est exporté en Europe qui est devenu le premier marché pour les Etats-Unis », précise l’exécutif européen, qui prévoit de nouvelles hausses au cours des prochains mois. Bruxelles a en effet lancé, en décembre dernier, une procédure visant à autoriser l’utilisation de soja américain dans les biocarburants.
Coopération réglementaire et acier
Les autres termes de l’accord seront aussi abordés par les négociateurs en chef des deux blocs, en particulier la coopération réglementaire, jugée prioritaire à Washington. Destinée à lever les obstacles non-tarifaires au commerce dans certains secteurs – notamment les appareils médicaux, l’automobile ou les produits pharmaceutiques – cette collaboration pourrait aussi se concrétiser, sur une base volontaire, pour l’élaboration des futurs standards qui s’appliqueront aux nouvelles technologies comme les véhicules automatiques, l’impression 3D ou la cybersécurité.
Sur le front de l’acier, Américains et Européens doivent également poursuivre leurs discussions informelles, même si aucune avancée n’est prévue sur ce dossier. Le 4 janvier, la Commission a en effet annoncé que certaines mesures provisoires, dites de sauvegarde, seraient étendues pendant deux ans et demi, jusqu’au 16 juillet 2021, afin de protéger l’industrie sidérurgique européenne.
Depuis l’instauration des taxes protectionnistes américaines de 25%, début en juin 2018, les producteurs d’acier tiers se replient en effet sur de nouveaux marchés, en particulier sur l’UE, faute de débouchés aux Etats-Unis. « L’industrie européenne ne s’est pas encore complètement remise de la crise mondiale de l’acier. Elle reste donc exposée à de nouvelles augmentations des importations, et à la baisse qui en résulte sur les prix », se justifie-t-on à Bruxelles.
Le 9 janvier, Cecila Malmström devait par ailleurs participer à des discussions trilatérales avec le Japon et les Etats-Unis sur différentes questions commerciales dont « les pratiques qui faussent les échanges » internationaux, un dossier sensible lié à la question de la réforme de l’OMC.
A suivre…
Kattalin Landaburu, à Bruxelles