A compter de ce mercredi 12 mars, des droits de douane de 25 % sur les importations américaines d’acier et d’aluminium s’appliquent, quelles que soient les origines. Un coup dur pour l’industrie européenne, déjà en crise. Le point dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Pour l’industrie sidérurgique du Vieux continent, c’est la cerise sur le gâteau. A partir de ce mercredi 12 mars, des tarifs douaniers à hauteur de 25 % viseront toutes les importations aux États-Unis d’acier et d’aluminium. Ces mesures, « sans exception ou exemption », prévues début février par un décret signé par Donald Trump, toucheraient en premier lieu le Canada, la Chine et le Mexique, les premiers pays exportateurs dans le pays.
Mais elles frapperaient aussi ces secteurs en Europe, déjà plongés dans une crise sans précédent. Selon les données d’Eurofer, depuis 2008, la production européenne a chuté de 30 %, tombant à 126 millions de tonnes en 2023. Et en quinze ans, 100 000 emplois ont disparu. Le 19 mars, la Commission européenne doit d’ailleurs présenter un plan d’action pour porter secours aux industries de l’acier et des métaux.
Les acteurs européens, déjà pénalisés par les surcapacités de concurrents étrangers moins contraints par les exigences environnementales, se passeraient volontiers de ce nouveau défi. En particulier, les industriels allemands, italiens, et français, en tête des vendeurs européens de ces produits outre-Atlantique.
On peut toujours espérer que le président américain rétropédale sur le sujet, comme il l’a fait deux fois concernant ses projets de tarifs douaniers généralisés contre le Mexique et le Canada, de nouveau reportés d’un mois fin février.
L’UE se tient prête à riposter
L’angoisse des bourses, le spectre du retour de l’inflation, voire de la récession aux États-Unis, suscités notamment par les plans douaniers confus de Donald Trump pourraient conduire Washington à modérer sa politique économique.
L’UE, comme la plupart des autres partenaires commerciaux, se tient en tout cas prête à riposter. « L’UE agira pour protéger ses intérêts économiques. Nous protégerons nos travailleurs, nos entreprises et nos consommateurs », avait ainsi fait savoir la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 10 février, juste après l’annonce de ces barrières sectorielles.
L’UE s’apprête a minima à réactiver ses mesures de représailles douanières contre certains produits achetés aux États-Unis – comme le bourbon, les motos Harley-Davidson et les bateaux – qui avaient été décrétées lorsque Donald Trump s’en était déjà pris, en 2018 lors de son premier mandat, à l’acier et à l’aluminium (respectivement à hauteur de 25 et 10 %).
En octobre 2021, l’administration Biden et l’UE avaient fini par mettre ce conflit commercial sur pause en signant un accord provisoire. Ce dernier prévoyait que les tarifs européens reviendraient automatiquement en vigueur fin mars 2025 faute de compromis d’ici là entre Bruxelles et Washington.
4,8 milliards de produits ciblés par l’UE
Cette fois, l’Union pourrait en outre frapper l’acier et l’aluminium américains de « tarifs réciproques », comme l’avait indiqué Emmanuel Macron le 28 février.
Au total, ce n’est pas moins de 4,8 milliards de dollars d’importations venues des États-Unis que l’UE devrait cibler par des droits de douanes allant jusqu’à 50 %, rapporte le Financial Times.
Pour l’Europe, l’intérêt de répondre vite et fermement est aussi d’accroître sa capacité de dissuasion douanière. Outre ces barrières sectorielles, Donald Trump a promis, le 28 février, des droits de douane additionnels de 25 % sur tous les produits de l’UE à partir du 2 avril prochain.