Victime collatérale de la guerre des sanctions commerciales entre Pékin et Bruxelles sur les véhicules électriques, le cognac, comme l’armagnac, est menacé d’importantes taxes à l’importation par la Chine. La filière se réjouit du report du vote des surtaxes européennes, mais la partie est cependant loin d’être gagnée.
La nouvelle est tombée mercredi 25 septembre en fin de journée. La Commission européenne, qui devait voter à cette date la mise en place de surtaxes, jusqu’à présent provisoires, sur les voitures électriques Made in China a finalement reporté son vote à une date ultérieure, ouvrant ainsi la voie à la poursuite des négociations avec la Chine.
Petit rappel des faits. En octobre 2023, la Commission a lancé une enquête antisubventions sur les véhicules électriques fabriqués en Chine, soupçonnés d’être dopés aux subventions et de constituer une concurrence déloyale sur le marché européen. Ire de Pékin. Entre autres mesures de rétorsion, les autorités chinoises ont annoncé le 5 janvier avoir eux aussi ouvert une enquête antidumping, sur les brandies (eaux-de-vie de vin) européens dont les exportations vers la Chine sont composées à 97 % d’alcools français, essentiellement du cognac, mais également de l’armagnac.
La Chine, deuxième débouché derrière les Etats-Unis
Si les Américains demeurent les premiers clients de ces digestifs, la Chine absorbe un quart des exportations de cognac. Ce marché est donc primordial pour ces deux filières qui comptaient sur un report du vote de la Commission européenne marquant la fin de son enquête et fixant les surtaxes françaises. Depuis l’ouverture de l’enquête, elles ont en effet évolué au grès des négociations entre Bruxelles et Pékin.
Mardi 24 septembre, une semaine après des manifestations à Cognac, des représentants de l’Union générale des viticulteurs pour l’AOC Cognac (Ugvc), du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), du Syndicats des maisons de cognac (SMC), du Bureau national interprofessionnel de l’armagnac (Bnac) et de la Fédérations des exportateurs de vins et spiritueux (Fevs) ont été reçus à Matignon par les conseillers en charge des Affaires européennes et de l’Agriculture du Premier ministre.
Nouvelle réunion à Matignon
Selon un communiqué commun, trois demandes ont été formulées : le report du vote à la Commission (ci-fait), « inciter activement la Commission européenne à une solution négociée » et l’adoption par la France d’une position tenant compte du risque pour la filière, « si un vote doit finalement intervenir au niveau européen ». « La France doit trouver un terrain d’entente pour, a minima, reporter les taxes puis les annuler, estiment les signataires. Sans quoi la mobilisation des viticulteurs pourrait reprendre et se durcir après les vendanges si la situation restait figée. »
S’il n’a pas été acté, un déplacement du nouveau Premier ministre Michel Barnier a été évoqué au cours de cette réunion. Une nouvelle rencontre à Matignon est également prévue la semaine prochaine.
« Ce sont deux très bonnes nouvelles, s’est félicité Anthony Brun, le président de l’Ugvc, auprès de La Charente libre. On salue l’évolution de la position de la Commission. Nous sommes satisfaits même si rien n’est gagné encore. Obtenir un rendez-vous à Matignon dans le contexte actuel est aussi un bon point. On pourra exposer au Premier ministre notre demande de mise en place d’un plan d’actions afin de ne pas subir cette surtaxe chinoise dont nous sommes victime. »
Sophie Creusillet