L’UE subventionne-t-elle
l’exportation du vin dans des pays tiers tels que la Chine ? « Non ! »
répondent de concert les responsables du dossier tant à Paris qu’à Bruxelles.
Selon Stéphane Le Foll, l’Organisation commune de marché (OCM) « ne concerne
que l’amélioration de la qualité des vins et l’organisation commerciale ». Et
face aux procédures antidumping et antisubventions lancées par la Chine, le
ministre français de l’agriculture tente de rassurer les viticulteurs : « Il
faut rester serein. Les discussions s’engagent entre l’Europe et la Chine. Il
faut qu’on soit capable de trouver la cohérence nécessaire pour garder un
objectif qui est assez simple : l’Europe ne peut rester ouverte sans le respect
d’un certain nombre de règles sociales et environnementales et sans règles qui
évitent le dumping ».
Même son de cloche au sein de
l’exécutif européen « Nous sommes persuadés qu’il n’y a pas de dumping ou de
subventions sur les exportations de vins européens vers la Chine », a déclaré
un porte-parole de la Commission. « Nous avons pris note de l’annonce de la
Chine. Nous la considérons comme une annonce importante à laquelle nous devons
répondre », a-t-il ajouté. Selon le porte-parole du commissaire à
l’Agriculture, Dacian Ciolos, « il existe des subventions pour la production de
vin en Europe, mais pas pour les exportations ».
Mais en coulisses les
responsables s’inquiètent de l’impact des menaces chinoises sur certains Etats
membres. Le spectre de nouvelles mesures de rétorsion, voire d’une guerre
commerciale paralyse certaines capitales. En visant le vin hier, les voitures
de luxe aujourd’hui, Pékin n’a pas hésité à s’attaquer aux deux poids lourds de
la zone euro, la France et l’Allemagne. Et elle continuera à le faire,
insistent les responsables chinois qui relaient aussi leur message dans la
presse nationale.
« Avec cette enquête sur le vin, la Chine entend
rappeler que l’industrie solaire européenne ne serait pas la seule victime si
l’UE s’en tient à sa politique protectionniste », peut-on lire dans le
China Daily daté du 6 juin qui conclut l’article de la façon suivante :
« La balle est maintenant dans le camp européen. L’UE doit montrer qu’elle
est disposée à régler le conflit lors des négociations à venir (…). La Chine
doit elle aussi montrer les dents pour défendre ses intérêts légitimes ».
A Bruxelles le message reste le
même : « modération et détermination » lancent des membres de
l’équipe de Karel De Gucht en écho aux déclarations de leur Commissaire. En
annonçant l’imposition de droits antidumping provisoires sur les importations
de panneaux solaires chinois, mardi 5 juin, ce dernier avait insisté sur le
strict respect, par la Commission, des « réglements commerciaux de
l’UE » soulignant au passage – comme une flèche décochée à Berlin –
« notre décision n’est pas et ne doit pas être guidée par la peur ».
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
Pour en savoir plus
Traduction de l’article du China Daily sur le site de
Presseurop : http://www.presseurop.eu/fr/content/article/3852311-europeens-cedez-sinon