Après Paris, finalement Berlin ? Selon des sources européennes citées par la presse française (Les Echos en font leur Une aujourd’hui 7 juin), le ministère chinois du Commerce vient de recevoir une plainte de la part de constructeurs chinois sur les automobiles de grosse cylindrées (égales ou supérieures à 2 litres) importées d’Europe, qu’ils soupçonnent de ventes à perte. Autrement dit principalement de marque allemande.
De fait, l’industrie automobile allemande serait la principale visée. En 2012, selon les statistiques d’importations chinoises compilées par la base de données GTA de la société GTIS, le total des achats chinois de véhicules automobiles, en forte augmentation ces dernières années, a atteint 54,94 milliards d’euros (+16,81 %). L’ Allemagne s’y taille la part du lion : 35,84 % de part de marché, avec une progression de 22,5 % sur 2011. Elle distance largement le Japon, au deuxième rang avec 21,8 % de parts de marché et les Etats-Unis, 11,5 %, mais en forte progression (+32,6 %). Loin derrière, le Royaume-Uni (4ème avec 7,5 %), la Belgique (8ème avec 1,59 %) et… la France (9ème fournisseur avec 1,3 %).
Toutefois, bien que tombant à un moment de tensions commerciales particulièrement exacerbées suite à la décision de la Commission européenne d’instaurer des mesures antidumping provisoires sur les panneaux solaires chinois, cette initiative chinoise -qu’il reste à confirmer- pourrait ne pas lui être directement liée. « Le fait que les constructeurs étrangers, dans le
cadre de joint-ventures, détiennent toujours près des trois quarts du marché
automobile national, est un échec de la politique de développement du « Made by
China » très mal vécu par les autorités », estime Jean-François Dufour, analyste de DCA Chine-Analyses dans sa dernière chronique. « C’est particulièrement le cas sur le segment des
voitures haut de gamme, outrageusement dominé par le trio Audi – BMW – Mercedes.
Celui-ci a cumulé près de 900 000 ventes en Chine l’an dernier. L’essentiel de
ces véhicules sont produits dans le pays, en association avec des partenaires
chinois. Mais une partie importante – environ 300.000 l’an dernier – est
importée. »
Dans ce contexte, argumente-t-il, « une taxation de la part importée des
berlines allemandes vendues en Chine, serait une aide supplémentaire à
l’émergence de Roewe, HongQi ou Qoros ». Et de conclure : « Présentée comme une possible rétorsion au
conflit sur le photovoltaïque, et opportunément utilisée dans le cadre de
celui-ci, cette mesure a été envisagée par les autorités chinoises bien avant ».
C. G.