(Cet article a fait l’objet d’une alerte confidentielle, diffusée le 29 septembre aux abonnés de la Lettre confidentielle du Moci)
Le 21 septembre, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada – appelé Accord économique et commercial global (AECG) ou Comprehensive Economic and Trade Agreement (CETA) – est entré en vigueur provisoirement, en attendant sa ratification par les Parlements nationaux, voire régionaux, des États membres de l’UE. Mais c’est dès maintenant que va se jouer la bataille de la communication autour de l’intérêt de ce traité dans une France gagnée par le doute. De fait, intervenant le 29 septembre à un séminaire du Medef sur le thème « CETA : saisir des opportunités nouvelles », le secrétaire d’État à l’Europe et aux affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne a adressé un double appel : d’une part au Medef, afin qu’il contribue à la « bataille médiatique, d’opinion qui va se jouer » – elle doit « prouver par A + B que cet accord est un bon accord », notamment en développant ce type de réunion d’informations en région « pour que le tissu le plus fin des entreprises soit conscient qu’il y a des opportunités »; d’autre part, aux entreprises françaises pour qu’elles l’accompagnent au Canada où il va se rendre fin octobre.
Les tarifs douaniers étant d’ores et déjà éliminés à hauteur de 99 % pour les biens industriels et 95 % pour les produits agricoles, « pour les sociétés françaises au Canada comme canadiennes en Europe, les débouchés sont réels », a soutenu Jean-Baptiste Lemoyne, qui a estimé que communiquer sur le CETA commence « dès aujourd’hui». Il s’exprimait en présence des hauts représentants du Canada invités par le Medef, Pierre Pettigrew, envoyé fédéral pour le CETA et ancien ministre du Commerce international, et Pierre-Marc Johnson, négociateur en chef du CETA pour le Québec et ancien Premier ministre de la Belle Province, et de deux dirigeants du Medef, Bernard Spitz, président du pôle International et Europe, également à la tête de la Fédération française de l’assurance, et Frédéric Sanchez, président du pôle Internationalisation en filières, également à la tête de Medef International et du directoire de la société d’ingénierie Fives.
Assurer « le service après-vente »
Après la signature de l’accord, il faut « le service après-vente », a répété Jean-Baptiste Lemoyne à plusieurs reprises, avant de se projeter « au-delà », où « se joue beaucoup ». Car, selon lui, « la vision du commerce international pourrait être bousculée, si, certains rêvant « d’autarcie », trouvaient « un écho » dans « un monde de complexité » en proposant « des raccourcis populistes ». Par ailleurs, la France, à l’initiative de la Cop 21 à Paris a des « ambitions » en matière « d’enjeux climatiques, dans des secteurs comme la santé ou l’agriculture » à côté du traité signé avec Ottawa. A cet égard, le ministre a annoncé qu’un plan d’actions associant différents partenaires (patronat, ONG…) était en phase de réalisation, que « la première réunion à ce sujet au niveau des services » s’était tenue la veille, 28 septembre, et qu’une véritable politique serait proposée fin octobre-début novembre, avec des éléments qui ne sont pas dans l’accord en matière de politique commerciale et aussi climatique.
« On a partie liée pour faire de la pédagogie, a encore appuyé Jean-Baptiste Lemoyne, car il en va des futurs accords de l’UE ». Or, une fenêtre s’ouvre pour que l’Union européenne aboutisse avec de nouvelle zones économiques que les États-Unis semblent vouloir délaisser. Rappelant, toutefois, les crispations qui avaient entouré les négociations avortées entre Bruxelles et Washington sur le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), le secrétaire d’État a insisté sur la nécessité « pour que ça marche que ce ne soit pas fait en chambre ». « Tout le monde a vocation à s’emparer » des futurs accords. Plus de transparence doit donc être injectée au moment où la Commission européenne est engagée dans des négociations avec de nouveaux territoires (Mercosur, Australie, Nouvelle-Zélande).
Le Moci reviendra en détails, sur son site Internet et dans la prochaine édition de sa Lettre confidentielle jeudi 5 octobre, sur les informations concrètes qui ont été fournies tout au long de cette matinée à propos de l’impact du CETA sur les échanges entre l’Europe, particulièrement la France, et le Canada.
François Pargny