Après les très médiatiques tractations autour de la signature du CETA avec le Canada, l’adhésion de l’Équateur à l’accord commercial UE / Colombie et Pérou s’est déroulée dans l’indifférence quasi-générale. Une aubaine pour Cecilia Malmström, la commissaire au Commerce – qui a orchestré la discrète cérémonie officielle aux côtés de Jorge Glas, le vice-président équatorien, le 11 novembre à Bruxelles – sans s’attirer les foudres de la société civile.
Les pourparlers de cet accord avec la communauté andine (Pérou, Colombie et Équateur) avaient débuté en janvier 2009. Quelques mois plus tard, Quito suspendait sa participation aux négociations, jugeant l’accord trop favorable à ses deux partenaires andins. Celles-ci se poursuivaient néanmoins entre Bruxelles d’une part, et Bogotá et La Paz, d’autre part, avec qui un pacte commercial a été conclu en 2010 et mis en œuvre, à titre provisoire, en 2013. Cette année là, l’Équateur manifestait sa volonté de reprendre le cycle des discussions avec l’UE.
Bouclé en 2014, l’accord de libre-échange pourra également s’appliquer de façon provisoire dès que le Parlement européen aura donnée son feu vert, probablement début 2017. « Cet accord marque un tournant dans les relations entre l’Équateur et l’UE, et il établit le cadre approprié pour stimuler les échanges et les investissements de part et d’autre. Il est important qu’il prenne effet sous peu, afin que les exportateurs, les travailleurs et les citoyens puissent commencer à profiter de ses avantages », a commenté Cecilia Malmström, à l’issue de la cérémonie de signature.
Suppression progressive des droits de douanes
Outre la suppression des droits de douane sur les produits industriels et de la pêche, l’accord – le premier de ce type à être signé par l’Équateur et un pays développé – permettra aussi d’élargir l’accès au marché pour les produits agricoles, d’améliorer l’accès aux marchés publics et aux services et de réduire davantage les obstacles techniques au commerce. Conçu également pour répondre aux besoins de développement de l’Équateur, le traité est asymétrique. Les réductions tarifaires s’appliqueront de façon progressive sur une période de 17 ans : l’UE libéralisera près de 95 % des lignes tarifaires dès l’entrée en vigueur de l’accord, tandis que l’Équateur n’en libéralisera que 60 % environ.
En offrant à Quito un meilleur accès pour ses principales exportations vers l’UE – tels que les produits de la pêche, les fleurs coupées, le café, le cacao ou les bananes – la Commission à Bruxelles estime que le pacte commercial aura « des effets considérables » sur le PIB du pays. Selon les projections, il devrait permettre une augmentation de 1,6 % des exportations équatoriennes vers l’UE d’ici à 2020.
Les Européens pourront également tirer profit de l’accord de libre-échange. Les produits agricoles, les produits laitiers, bénéficieront d’un meilleur accès au marché équatorien, une centaine d’indications géographiques de l’UE seront protégées. D’autres avantages sont à attendre, insiste-t-on à Bruxelles, où l’on pronostique « de nouvelles perspectives d’accès au marché pour les voitures et les machines », souligne un communiqué de la Commission. Selon des études publiées par l’exécutif européen, les exportateurs de l’UE économiseront chaque année 106 millions d’euros par an en droits de douane, et les exportations de l’Équateur enregistreront jusqu’à 248 millions d’euros d’économies au titre de la suppression de ces droits.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles