Le huitième Sommet UE-Afrique du Sud, qui s’est tenu le 13 mars au Cap sept ans après le précédent, a été marqué par le lancement officiel de négociations d’un nouvel accord commercial et d’investissement et l’annonce d’un programme « Global Gateway » de 4,7 milliards d’euros par la Commission européenne.
Pour la petite histoire, c’est depuis la ville sud-africaine du Cap que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a lancé, le 12 mars, sa première réplique à l’instauration par l’administration Trump de droits de douane de 25 % sur l’acier et l’aluminium. « Les droits de douane sont des taxes. Ils sont mauvais pour les entreprises et encore plus pour les consommateurs. Ils perturbent les chaînes d’approvisionnement. Ils sont source d’incertitude pour l’économie. Des emplois sont en jeu. Les prix vont augmenter. En Europe comme aux États-Unis » a-t-elle notamment commenté avant de dévoiler les grands axes du paquet de contre-mesures européenne.
Alors que l’Union européenne est prise en étau entre la Chine et sa politique commerciale agressive et le regain de protectionnisme des États-Unis, Bruxelles accélère la diversification de ses partenaires commerciaux. De son côté, l’Afrique du Sud fait face à une forte dégradation de ses relations diplomatiques avec les États-Unis de Donald Trump alors que son ambassadeur à Washington, Ebrahim Rasool, vient d’être expulsé après avoir accusé le président américain d’avoir lancé une « attaque supémaciste » contre les gouvernements qui ne partagent pas son idéologie. Le hasard du calendrier a donc bien fait les choses.
Le 13 mars, la présidente de la Commission européenne et le président du Conseil européen, António Costa, ont participé ensemble au 8ème sommet UE-Afrique du Sud, au Cap. Objectif : renforcer le partenariat stratégique entre les deux blocs. Non sans succès puisque selon la Commission, les dirigeants européens et le président sud-africain Cyril Ramaphosa « ont convenu d’ouvrir des négociations en vue d’un accord commercial de nouvelle génération : un partenariat pour des échanges commerciaux et des investissements durables ».
L’Afrique du Sud sera le premier pays à signer un tel accord avec l’UE, selon Bruxelles. Il portera, selon la Commission, sur les investissements, la transition vers une énergie propre, les compétences et les technologies, ainsi que sur le développement d’industries stratégiques tout au long de la chaîne d’approvisionnement, afin de favoriser la création d’emplois de qualité en Afrique.
Les dirigeants ont également convenu d’élargir leur coopération aux matières premières critiques, Bruxelles souhaitant diversifier et sécuriser ses approvisionnements pour réduire sa dépendance à la Chine ou à la Russie.
Les échanges UE-Afrique du Sud
Le total des échanges entre l’UE et l’Afrique du Sud, première économique d’Afrique sub-saharienne, a atteint 49,5 milliards d’euros en 2023 : l’UE détient une part de marché de 23,5 % dans les importations sud-africaines et absorbe 19 % de ses exportations. Les relations commerciales bilatérales s’inscrivent dans le cadre de l’accord partenariat économique noué entre l’UE et la SADC : 98 % des exportations sud-africaines sont exemptées de droits de douane.
Les Européens sont également un investisseurs majeur dans le pays : leurs IDE ont atteint 71 Md d’euros en 2022.
4,7 milliards d’euros dans le cadre de Global Gateway
Pour marquer « cette nouvelle étape », la présidente de la Commission a annoncé un programme d’investissement d’un montant de 4,7 milliards d’euros, dans le cadre de la stratégie « Global Gateway ». La majeure partie de ce programme – 4,4 milliards d’euros – sera consacrée au financement de projets soutenant une transition énergétique propre et juste en Afrique du Sud, pays toujours très dépendant du charbon. Environ 303 millions d’euros proviendront de dons des États membres.
Il s’agit d’un engagement important dans le cadre de la campagne « Scaling up Renewables in Africa » (« Accélérer le développement des énergies renouvelables en Afrique »), lancée par la présidente von der Leyen et le président Ramaphosa en marge du sommet du G20 à Rio, en novembre dernier. Cette campagne, menée en partenariat avec « Global Citizen » et soutenue par l’Agence internationale de l’énergie, aboutira à un grand événement de mobilisation de fonds en marge du sommet du G20 à Johannesburg, précise la Commission.
Le programme d’investissement « Global Gateway » mettra également l’accent sur le développement des infrastructures de connectivité – physiques et numériques – ainsi que sur le renforcement de l’industrie pharmaceutique locale.
Pour en savoir plus sur le programme Global Gateway en Afrique du Sud : cliquez ICI .