Trouver un ou une remplaçante à Véronique Bédague-Halmilius sera l’un des premiers dossiers délicats sur le bureau de la nouvelle secrétaire d’État au Commerce extérieur et à la promotion du tourisme, Fleur Pellerin,
sachant qu’elle ne sera pas seule décisionnaire tant le poste est stratégique. « Ce recrutement est fondamental, il faudra un consensus » confie à la Lettre confidentielle un proche du dossier au ministère des Affaires étrangères et du développement international (MAEDI), dont dépend la nouvelle secrétaire d’État.
Dans le contexte du choc provoqué, notamment à Bercy –qui a la tutelle d’Ubifrance et partagera la tutelle, avec le MAEDI, de la future agence issue de la fusion- par le rattachement du portefeuille du Commerce extérieur au Quai d’Orsay, le poids du mot « consensus » a en effet une connotation particulière*. Le suspense pourrait durer, le temps que la secrétaire d’État installe son cabinet et que le processus soit relancé.
En attendant, les observateurs avisés n’ont pas manqué de noter la présence de deux ex. titulaires du portefeuille du Commerce extérieur à la deuxième édition des Rencontres Quai d’Orsay-Entreprises, le 8 avril : Nicole Bricq, venue discrètement assister à la table-ronde de clôture, avec Laurent Fabius (qui l’a saluée), et Anne-Marie Idrac, ex-secrétaire d’État au Commerce extérieur du second gouvernement Fillon (2008-2010), qui est restée une bonne partie de l’après-midi. Toutes deux en quête de nouvelles missions ?
Également remarqués, plusieurs des candidats à la direction d’Ubifrance et de l’Afii dévoilés par la Lettre confidentielle la semaine dernière, qui intervenaient dans les tables-rondes de ces Rencontres. Il est vrai que cette deuxième édition était rendue éminemment stratégique dans le contexte du rattachement du Commerce extérieur au MAEDI.
Il y avait bien sûr Jacques Maire, directeur des entreprises et de l’économie internationale (DEEI) au Quai d’Orsay, grand ordonnateur de cet événement fondateur de l’offensive du ministère sur la diplomatie économique. Il a d’ailleurs joué la carte de l’apaisement aux côté de Ramon Fernandez, directeur de la DG Trésor, dans la table-ronde d’ouverture sur le thème : « Quand la diplomatie économique facilite l’économie ». Encore faut-il que Jacques Maire, qui va avoir fort à faire pour la construction du nouveau système du Commerce extérieur, confirme son intérêt. Pour l’heure, son leitmotiv est : « coopération » entre les services du Quai d’Orsay et ceux de la DG Trésor à Bercy. Il se murmure qu’il verrait bien un profil de manager de haut vol, ayant le goût de l’intérêt général, mais ayant fait ses preuves dans des ETI exportatrices, prendre les rennes des deux agences à fusionner.
Également remarquée, la présence de Denis Tersen, qui intervenait dans la table-ronde consacrée à la « Diplomatie et à l’économie numérique », qui, lui, devrait officialiser sa candidature. L’ancien directeur de cabinet de Nicole Bricq a travaillé en première ligne sur le train de réformes dont la fusion entre Ubifrance et l’Afii est l’une des plus emblématiques.
Autre intervenant candidat, Gilles Dabezies, actuel directeur général adjoint Actions internationales et européennes à la Chambre de commerce et de l’industrie de Région Paris-Ile-de-France. Il intervenait dans la table-ronde intitulée « la diplomatie au service du développement international des PME et des ETI » aux côté de chefs d’entreprises et du bras droit de Jacques Maire, Emmanuel Ly-Batallan. Lui aussi devrait officialiser sa candidature. Enfin, Raphaël Bello, actuel chef du service des affaires bilatérales et de l’internationalisation des entreprises à la DG Trésor, intervenait
dans la table-ronde consacrée à l’investissement étranger en France.
Les spéculations vont bon train, elles devraient durer quelques semaines encore.
Christine Gilguy
Lire dans la LC cette semaine : Diplomatie économique : après la bataille du commerce extérieur, la pacification ? et Le blues des agents du Trésor jette une ombre sur le nouveau dispositif