En dehors de la fusion des deux agences qu’elle dirige depuis le 12 mars, un autre chantier sensible se profile à court terme pour Véronique Bédague Hamilius : celui de la répartition géographique du réseau international du nouvel ensemble. Le sujet est particulièrement suivi par le ministère des Affaires étrangères et fait l’objet d’un lobbying actif de l’Uccife (Union des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger).
Pour le Quai d’Orsay, qui a obtenu la cotutelle de la future agence et qui « entend bien l’exercer activement », selon nos informations, il s’agit de trouver une solution pérenne de services aux entreprises dans les pays porteurs mais encore « orphelins » – sans service économique ni bureau Ubifrance- ou « en dessous des radars » de Bercy et de ses 47 pays prioritaires.
« Ubifrance est présente dans 56 pays au total, incluant les délégations de services publics (DSP), analyse un proche du dossier. Avec les compétences régionales de certains bureaux, la couverture est plus large mais on ne suit pas aussi efficacement des pays comme le Ghana depuis la Côte d’Ivoire. Or, la question posée est simple : pourquoi mettre autant de monde en Belgique, à Hong Kong ou en Corée du sud, où il y a d’autres relais possibles, et personne au Ghana ou encore au Panama, où le potentiel d’affaires est porteur ? Et que fait-on avec les CCIFE ?».
La Direction des entreprises et de l’économie internationale du ministère des Affaires étrangères, que dirige Jacques Maire, est justement en train de dresser le bilan des premiers résultats de la diplomatie économique française, tous ministères et toutes administrations confondus, dans 135 pays. Et dans une bonne moitié, l’offre de services apparaît insuffisante ou inexistante. Pour rappel, le bureau d’Ubifrance à Bruxelles (qui couvre le Luxembourg), compte 9 personnes, celui de Hong Kong 7 et celui de Séoul 15.« Nous poussons pour qu’il y ait une vraie réflexion sur ce sujet» confirme-t-on à la DEEI.
Du côté de l’Uccife, on devrait boire du petit lait. D’abord, cette organisation digère mal que ses membres aient été complètement écartés des premières maisons de l’international lancées aux États-Unis et bientôt en Chine dans le cadre de partenariat Etat/Régions sans appel d’offre. Ensuite, les DSP n’ont été signées qu’au compte goutte par Ubifrance jusqu’à présent, et dans des pays souvent difficiles où les PME et ETI françaises ne se précipitent pas : outre le Maroc –contre-exemple mais cas exceptionnel-, elles concernent en effet la Jordanie, le Nigeria, Madagascar, le Pérou, la République démocratique du Congo (RDC), le Venezuela. D’où des objectifs, voire une rentabilité difficiles à atteindre pour les CCIFE concernées. « Cela fait plus d’un an qu’on demande une relance du processus des DSP sur des pays plus matures, ce qui permettrait à Ubifrance de se redéployer », nous confirmait récemment un proche du dossier à l’Uccife.
Ces sujets et quelques autres étaient au menu d’une rencontre sollicitée par les présidents de CCI International et de l’Uccife, Jean-François Gendron et Arnaud Vaissié, avec Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, le 7 mars, peu avant la nomination officielle de la nouvelle patronne d’Ubifrance et de l’Afii.
L’Uccife, qui a beaucoup œuvré pour professionnaliser et harmoniser l’offre de ses membres ces dernières années, ne manque pas d’arguments. Elle a réalisé l’an dernier une cartographie détaillée des capacités d’offres de services de ses membres à destination des Régions françaises : selon ce document, les CCIFE offrent une gamme complète de services d’appui aux entreprises dans 37 pays développés et émergents, –dont la Belgique, Hong-Kong et la Corée du Sud cités plus haut- et une sélection de ces services dans 17 autres. Actuellement, ce réseau est en mesure de proposer quelque 650 postes de travail aux entreprises et assure l’encadrement de 150 volontaires internationaux en entreprises (VIE).
Le sujet devrait donc figurer en bonne place dans les réflexions que devra conduire Véronique Bédague-Hamilius pour préparer son plan stratégique en vue du prochain Contrat d’objectif et de performance (COP) 2015-2018 qui devra être signé avec l’État par la nouvelle entité.
Christine Gilguy