Malgré la dérive autoritaire du chef de l’État, Recep Tayyip Erdoğan, qui inquiète en Occident, Washington comme les capitales européennes ont condamné le tentative de renversement par des rebelles dans l’armée d’un pouvoir démocratiquement élu depuis des années. La reprise en mains par le régime en place devrait rassurer les observateurs et les acteurs économiques, au moment où l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique), dans sa dernière étude économique publiée le 15 juillet –par coïncidence au lendemain du putsch manqué-, prévoit une forte croissance de la Turquie dans les années à venir.
À court terme, le coup d’État avorté en Turquie est toutefois un nouveau coup dur donné au tourisme, un des poumons de l’économie, déjà frappé par les attentats liés à la lutte contre l’État islamique (Daech) et les tensions intérieures à l’est du pays. Mais malgré ces difficultés, auxquelles il faut ajouter les restrictions commerciales qui ont frappé les échanges avec la Russie jusqu’en juillet et l’afflux de millions de réfugiés de Syrie, l’OCDE estime que la croissance économique de la Turquie tournera autour de 4 % à la fin de l’année.
Il faut renforcer encore l’export
Selon son secrétaire général, Angel Gurria, « le secteur turc des entreprises fait preuve d’une capacité de résistance extraordinaire et d’une adaptabilité remarquable, il réoriente ses exportations vers des marchés prometteurs et se saisit avec détermination d’opportunités nouvelles ». « Toute la difficulté à terme, ajoute-t-il, dans le communiqué, sera de rééquilibrer l’économie en renonçant à trop dépendre de la consommation privée pour privilégier une croissance durable, à vocation plus exportatrice ».
« L’intégration de la Turquie dans les chaînes de valeur mondiales demeure inférieure à son niveau potentiel », pointe en effet l’OCDE, qui souligne que « des politiques mieux conçues en matière d’échanges et d’investissement permettraient de tirer un meilleur parti de la vocation exportatrice de l’économie et attireraient plus d’investissements directs de l’étranger ». Signe de fragilité, la Turquie a accumulé un déficit commercial qui atteint près de 3 % du PIB.
D’autres réformes sont préconisées : lutte contre l’activité informelle, instauration de règles du jeu équitables entre toutes les entreprises, amélioration de la qualité du capital humain pour accroître la productivité, accélération de la convergence entre les différents types d’entreprises ou encore création d’un large secteur de l’emploi formel.
F. P.
Pour en savoir plus :
Une synthèse en français de l’étude économique de l’OCDE sur la Turquie est téléchargeable au lien suivant : http://www.oecd.org/fr/eco/etudes/turquie-2016-etude-economique-OCDE-synthese.pdf