La Chambre de commerce et d’industrie de la région Paris Ile-de-France (CCIP-IDF) a organisé le 25 novembre au sein de son siège parisien la 3ème édition des Trophées France Chine qui célèbrent les success stories d’entreprises françaises en Chine et récompensent leur parcours sur le marché chinois. Cette année, cette manifestation intervient dans le cadre du cinquantenaire des relations diplomatiques sino-françaises.
Les Trophées France Chine sont organisés par le cabinet de consultants OC&C, en collaboration avec la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France, la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine et le think tank Premier Cercle.
Ces prix distinguent les entreprises françaises ayant réussi leur implantation en Chine. « Nous récompensons des entreprises grandes ou petites qui réussissent en Chine », a indiqué Rémy Arthus, directeur du développement international des entreprises au sein de la CCIP-IDF, lors de la conférence de presse qui a précédé la cérémonie de remise des trophées.
Quatre entreprises ont été nominées dans la catégorie « Trophée de la Croissance » : Air France-KLM, bioMérieux, Pierre Fabre et Valeo. Le lauréat du Trophée de la Croissance est Valeo. Le cabinet AS.Architecture Studio a, lui, remporté le Trophée de l’Entreprenariat.
« Des success stories françaises en Chine, il n’y en a pas énormément », a confié Serge Blanchard, consultant partner au sein du cabinet OC&C. Car, en effet, faire des affaires en Chine, n’est pas toujours simple. L’environnement des affaires chinois est complexe. Les entreprises étrangères qui souhaitent s’implanter en Chine sont souvent confrontées à des problématiques de propriété intellectuelle ou bien à des barrières culturelles et réglementaires. Pourtant, a souligné Serge Blanchard, « la Chine est un levier extrêmement important pour les entreprises, pas seulement les grands groupes mais aussi les PME ».
La croissance du PIB chinois ralentit et devrait passer en dessous des 7,5 % l’an prochain, mais la Chine « reste un pays incontournable », a indiqué pour sa part Frédéric Fessart, associé au cabinet OC&C, qui rappelle que le modèle chinois se transforme. En effet, la Chine considérée comme « l’usine du monde » évolue pour devenir « le consommateur du monde ». Des opportunités sont donc à saisir sur ce marché en pleine mutation sur lequel se positionnent déjà des entreprises françaises à l’instar de l’équipementier automobile Valeo.
Témoignage : Jean-François Tarabbia, directeur délégué du groupe Valeo
« On superforme la croissance locale, on ne la suit pas »
Implanté dans 29 pays du monde où il accompagne les constructeurs automobiles sur leur marché, le groupe Valeo, spécialisé dans les équipements automobiles, réalise 55 % de son chiffre d’affaires (12,1 milliards d’euros en 2013) hors Europe. L’Asie représente 26 % du chiffre d’affaires de Valeo qui est présent au Japon, en Corée du sud, Malaisie Thaïlande, Indonésie et Inde. Mais son plus gros marché en Asie demeure la Chine. « La Chine représente 66 % de nos prises de commandes en Asie », informe Jean-François Tarabbia (à droite sur la photo), directeur délégué du groupe Valeo.
Valeo est présent en Chine depuis 1994, date à laquelle il a ouvert sa première usine via une joint-venture avec un constructeur local. Aujourd’hui, l’équipementier possède 26 sites de production en Chine, marché sur lequel son chiffre d’affaires est passé de 140 millions d’euros en 2002 à 1,4 milliard d’euros en 2013, une croissance impressionnante qui lui vaut d’être le lauréat du « Trophée de la Croissance » de la CCI Paris Ile-de-France.
Le groupe industriel ne s’arrête pas là et poursuit sa conquête des parts de marché en Chine. Au premier semestre 2014, Valeo continue de croître de 36 % dans le marché chinois dont la croissance du PIB est estimée à + 11 %. « On superforme la croissance locale, on ne la suit pas », se réjouit le dirigeant.
Valeo dispose de 15 000 employés en Chine, répartis dans ses différents sites de production. Tous les pôles d’activité du groupe sont présents dans l’empire du Milieu où il fabrique des systèmes de confort et d’aide à la conduite ; des solutions de propulsion innovantes visant à réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2 ou encore des systèmes thermiques (climatisation et chauffage de l’habitacle).
« La Chine, souligne par ailleurs Jean-François Tarabbia, ce n’est pas seulement pour produire mais aussi pour concevoir ». Valeo forme ainsi ses équipes locales et a ouvert en 2004 dans le Wuhan un centre de R&D.
En plus de la formation, Valeo mise sur un management local. « Il faut être chinois en Chine, indique Jean-François Tarabbia. L’activité doit être gérée localement car les employés chinois ont une connaissance et une bonne compréhension du marché ». Ainsi, 99 % des employés de Valeo, dont les directeurs d’usine, sont chinois.
Valeo surfe sur l’émergence du marché automobile chinois dont l’offre est organisée autour du très haut de gamme et des véhicules d’entrée de gamme prisés des nouveaux consommateurs entrants sur le marché. En Chine, pour 1 000 habitants, 80 ont une voiture contre 1 000 pour 600 en Europe. Le marché automobile chinois se réveille. Quatre nouvelles usines sont en construction et ouvriront d’ici 2016.
Témoignage : Hervé Laurent, conseiller du président de bioMérieux
« On souhaite devenir un partenaire efficace de la réforme de santé du pays »
Spécialiste mondial du diagnostic in vitro et de la microbiologie clinique et industrielle, la société bioMérieux réalise 87 % de son chiffre d’affaires (1,58 milliard d’euros en 2013) à l’international où elle possède 41 filiales.
La Chine est le troisième marché de bioMérieux après les Etats-Unis et la France. La société de microbiologie y possède cinq implantations (filiales commerciales et filiales de production) ainsi qu’un réseau de 74 distributeurs qui sont en relation avec les hôpitaux et les laboratoires. En 1992, bioMérieux a ouvert à Hong Kong, une filiale commerciale. Souhaitant s’implanter durablement en Chine afin de devenir un partenaire efficace de la réforme de santé du pays, bioMérieux y a réalisé, en 2010, deux acquisitions stratégiques : Meikang Biotech, dans le domaine des tests rapides et Shanghai Zenka Biotechnology, dans le domaine des milieux de culture. Au cours de cette période, le siège de la filiale bioMérieux Chine a été transféré de Pékin à Shanghai. Cette implantation de 500 personnes est dotée d’une unité de production et d’un centre de R&D.
Forte de son expertise reconnue à l’échelle mondiale dans le domaine des maladies infectieuses, bioMérieux a développé une connaissance très approfondie sur le sujet de la résistance bactérienne aux antibiotiques et de ses mécanismes. « A ce titre, nous nous sommes donc engagés par exemple dans des actions de formation auprès des professionnels de santé chinois afin de les sensibiliser à cet enjeu de santé », explique au Moci Hervé Laurent, conseiller du président de bioMérieux.
En Chine, bioMérieux fournit aux laboratoires d’analyse médicale des solutions de diagnostic in vitro (instruments réactifs et logiciels) permettant de déterminer l’origine d’une maladie. Ses produits sont utilisés notamment pour le diagnostic des maladies infectieuses et apportent des résultats à haute valeur médicale pour le dépistage et le suivi de certains cancers et les urgences cardiovasculaires. La société offre également des solutions pour le contrôle microbiologique, dédiées aux applications industrielles dans le domaine agroalimentaire, cosmétique et pharmaceutiques. Ces solutions permettent d’assurer la sécurité des consommateurs à l’heure où la Chine intensifie le contrôle de la qualité alimentaire à l’échelle nationale depuis le scandale du lait contaminé. « La sécurité alimentaire depuis 2012 est devenue un enjeu national en Chine, indique Hervé Laurent. Nos solutions de cytométrie de flux rencontrent un succès notamment auprès de l’industrie laitière ».
Les clients de bioMérieux dans le domaine clinique en Chine sont essentiellement des hôpitaux. Il y a aujourd’hui 5 000 hôpitaux de Grades 3 et 2A en Chine. « La réforme du système de santé chinois prévoie la création d’11 000 hôpitaux à horizon 2020, cela crée des opportunités sur ce marché », conclu le dirigeant.
Venice Affre
*Sur la photo : Thierry de La Tour d’Artaise, P-dg du groupe SEB (à gauche) et Jean-François Tarabbia, directeur délégué du groupe Valeo