Sébastien Breteau est à la tête d’une entreprise française qui réalise des contrôles qualité en Chine et en Asie et exécute des audits fournisseurs pour des importations sûres.
Le Moci. Quels impacts à l’intérieur des usines chinoises ont eu les manifestations de l’année dernière ?
Sébastien Breteau. Sous la pression des autorités centrales, le salaire minimum des ouvriers migrants a été augmenté [de l’ordre de 21 % en moyenne, Ndlr], c’est une avancée indiscutable. Le gouvernement cherche à booster la consommation intérieure, il veut en faire profiter ces 150 millions de cols bleus migrants. Mais d’un point de vue social, il reste beaucoup de choses à améliorer. Les importateurs veulent le meilleur, mais, dans le même temps, ils écrasent les prix. Résultat : les heures supplémentaires sont souvent payées au rabais et l’hygiène à l’intérieur des usines ne correspond pas toujours aux standards obligatoires.
Le Moci. Constate-t-on globalement chez les sous-traitants chinois une envie de rehausser les contrôles sur les normes et la qualité ?
Sébastien Breteau. Absolument. Il y a une prise de conscience des plus hautes instances pour valoriser le « made in China », qui est considéré comme un actif dont il faut s’occuper sinon il risque à terme d’être destructeur de valeurs. L’État incite les sous-traitants à être plus responsables de la qualité des produits qu’ils fabriquent et sait les sanctionner quand c’est nécessaire. De plus en plus, l’AQSIQ – l’organisme officiel de certifications qui attribue les licences – fait ainsi des contrôles inopinés dans les usines pour s’assurer qu’elles respectent les normes exigées. Toutefois, ces moyens restent insuffisants pour garantir la totale sécurité des marchandises quittant les usines chinoises. Les contrôles avant expédition couplés à des tests en laboratoire restent la seule façon pour les importateurs de garantir la sécurité de leur production.
Le Moci. Que pensez-vous de la notion de « sourcing durable » en Chine (volonté de choisir les bons sous-traitants, les bons partenaires pour un business dans la durée, etc.) ?
Sébastien Breteau. C’est une idée qui fait son chemin mais qui dépend souvent de la logique business de l’importateur. Soit il a une approche à court terme et, dans ce cas, s’adresse souvent au fournisseur le moins cher, soit au contraire il décide de s’inscrire dans la durée, et devra alors faire un effort de spécification des produits et de définition des standards afin de faire monter le niveau du fournisseur. C’est réellement cette deuxième option que préfèrent les Chinois. Culturellement, ils valorisent le long terme. Ils pensent – à juste titre – qu’un client qui reste longtemps est un client qui a de la valeur.
Propos recueillis par P. T.