Rapprochements, partenariat, fusions, les écoles de management peaufinent leurs stratégies dans un paysage mondial de la formation très concurrentiel. Dans ce contexte, le grand « mercato » qui se joue en coulisses favorise les transferts. Richard Perrin, nouveau directeur international et marketing du groupe Edhec, explique les raisons de son choix et la nature de sa mission.
Le Moci. Vous venez de quitter HEC pour rejoindre l´Edhec. C´est-à-dire la première business school européenne au classement 2009 du Financial Times pour la 28e. Qu´est-ce qui a motivé votre arrivée à l´Edhec ?
Richard Perrin. HEC est bien entendu une grande institution. Sous l´impulsion énergique d´Olivier Oger, l´Edhec est certainement l´école qui a le plus progressé ces dernières années sur des dimensions clés du business education. Recrutement d´un corps professoral de très haut niveau, modernisation de son équipement pédagogique avec deux campus ultramodernes à Nice et à Lille, internationalisation de sa marque notamment grâce à ses implantations à Londres et Singapour et au prestige de l´Institut Edhec Risk. L´école a tous les actifs entre ses mains pour devenir une école mondialement reconnue.
Le métier d´une business school consiste à former des étudiants dans les meilleures conditions scientifiques et pédagogiques, à inventer les savoirs de demain et à répondre aux besoins des entreprises en matière de talents et de conseils. Et là, tous les indicateurs sont au vert : Edhec a aujourd´hui le 4e budget des écoles de management en France (il a doublé en moins de cinq ans), son plan stratégique est tourné vers la recherche, les entreprises et l´international y sont soutenus avec force par un International advisory board. Je sais quels ressorts activer pour accroître la notoriété et le prestige d´une école lorsqu´elle possède tant d´atouts, c´est mon métier. Une partie de la hiérarchie qui prédomine dans les classes prépa, par exemple, est totalement surannée ! Nous allons changer cela.
Le Moci. Quelle sera votre mission et comment s´articulera-t-elle avec celle d´Anne Zucarrelli, déjà directeur des relations entreprises et carrières, et depuis juillet directeur des programmes académiques ?
Richard Perrin. Anne Zucarrelli supervise la stratégie des relations entreprises/carrières et la gestion du portefeuille des programmes de formations initiales avec les directeurs scientifiques. Un des objectifs du plan stratégique consiste à maximiser l´attractivité des programmes académiques en France et à l´international. Je suis chargé d´intervenir sur deux dimensions structurantes du prestige d´une école, les relations internationales et la stratégie marketing.
Pour ce qui est des relations internationales, la stratégie d´internationalisation qu´une institution adopte est déterminante. Il en existe au moins trois, les stratégies d´alliances, les stratégies d´implantations, les stratégies autonomes. Pour être clair, nous ne souhaitons pas envoyer 300 étudiants français aux États-Unis ou en Inde sur un campus Edhec. Notre avantage compétitif résidera dans la capacité de la marque Edhec à accroître sa notoriété auprès des entreprises et des chercheurs dans les plus grandes villes du monde. C´est pourquoi l´Edhec s´est installée à Londres et à Singapour. Nous souhaitons aussi renforcer la visibilité du groupe auprès des meilleurs étudiants internationaux. Nous allons lancer un plan d´action pour atteindre ces objectifs notamment avec le soutien de notre gouvernance, des professeurs et des nombreux diplômés installés hors de France.
Concernant la stratégie marketing, l´Edhec possède déjà des atouts considérables, ma mission consiste à développer des outils et des méthodes performantes en matière de promotion et d´admission pour que nos programmes soient le plus systématiquement possible un « first choice » auprès des étudiants en France (grande école, ESPEME) et sur les grandes places financières mondiales (MBA, MIM, MSc, PhD).
Le Moci. L´intégration au sein du groupe, également annoncée en juillet, du Management Institute of Paris (MIP), vise-t-elle à renforcer la visibilité de l´Edhec à l´international ?
Richard Perrin. Le MIP va, entre autres choses, nous permettre de renforcer nos actions de formation continue en intra et sur le segment Executive MBA auprès des manageurs internationaux de grands groupes basés à Paris. L´executive education est globalement un marché local et Paris est une base incontournable si l´on souhaite avoir un impact auprès de cadres internationaux.
Propos recueillis par Sylvette Figari