« Pour établir un budget, le cours à terme est votre meilleur allié ». C’est, en résumé, ce que pense Olivier Lechevalier, fondateur de la Fintech DeftHedge, pour définir la meilleure approche à adopter pour bâtir un budget en tenant compte du risque de change dans le contexte actuel où les avis de tempête se succèdent. Avec comme outils de pilotage, la sagesse pour boussole et la stratégie pour sextant. Il s’en explique dans le point de vue ci-après.
En pleine saison budgétaire, chaque décision pèse lourd. Les questions fusent : « Vais-je bien vendre mes devises ? Seront-elles à la hauteur ? » Gérer des devises, c’est naviguer dans un océan d’incertitudes et de « et si…». La boule de cristal est obsolète : nous sommes à la merci des aléas du marché. Les notes de marché, qu’elles soient bancaires ou autres, ne sont que des boussoles temporaires. Et soyons honnêtes, si ces analystes étaient si sûrs de leurs prévisions, ne seraient-ils pas déjà sur une île paradisiaque ?
La réalité est plus complexe. Une étude du site SSRN* a révélé que même les institutions financières, malgré leurs ressources, peinent à anticiper les mouvements de change. Sur 48 000 prévisions analysées, nombreuses étaient celles qui surestimaient la volatilité ou suivaient simplement la masse.
Le cours à terme s’est avéré être le baromètre le plus fiable.
Mais alors, comment s’y fier ? Tout est question de contexte. Pour établir un budget, le cours à terme est votre meilleur allié, intégrant tous les paramètres économiques actuels.
Comment construire une stratégie de couverture à la vente ?
Pour 2024, quelle serait la stratégie idéale pour votre risque de change vendeur dollar contre euro ? Plutôt que de promettre monts et merveilles, concentrons-nous sur des objectifs réalistes. Le taux de référence doit être à la fois ambitieux et atteignable.
La clé ? Connaître le taux à terme moyen pour la période visée. Puis, en fonction de la devise et de sa volatilité, établir un scénario. Si aujourd’hui le cours spot est à 1,0550 EUR/USD, quel serait le taux à défendre pour 2024 ? Avec un taux moyen de 1,0670 et une dégradation de 3%, on viserait 1,10.
Mais ce n’est que le début. Pour sécuriser votre stratégie, il faut réaliser deux étapes cruciales : placer des couvertures et définir des alertes.
En posant comme hypothèse, 30 % de couvertures et en établissant des alertes, vous encadrez le risque tout en protégeant votre marge.
Exemple concret d’une stratégie vendeuse éprouvée
En appliquant cette méthodologie, voici comment se présente concrètement notre stratégie pour 2024 :
-Taux EUR/USD défendu au pire: 1,10
-Couvertures initiales : 30 % de terme au taux moyen de 1,0680.
-Alertes stratégiques:
1/ En cas de scénario défavorable : interventions programmées aux niveaux 1,06 / 1,08 / 1,10 / 1,11 / 1,13.
2/ En cas de scénario favorable : interventions programmées aux niveaux 1,05 / 1,03 / 1,01 / 0,99.
Projection des résultats :
Si le marché évolue linéairement et tend vers 1, vous suivez scrupuleusement vos interventions, vous pourriez obtenir une moyenne finale de 1,04 soit un gain potentiel de 600 000 euros (KEUR).
Si, à l’inverse, le marché s’oriente vers 1,20, votre moyenne finale pourrait s’établir à 1,0950. Cela représente un gain théorique de 50 KEUR par rapport au taux de 1,10, évitant une perte potentielle de 500 KEUR si vous aviez suivi le marché sans stratégie.
Pour conclure : savoir naviguer dans toutes les conditions
Naviguer dans les eaux tumultueuses du marché des devises nécessite une boussole fiable et une stratégie solide. A incertitude constante, il est impératif pour les décideurs financiers, CFO, trésoriers, comptables et CEO de comprendre que la réaction instinctive ou l’adhésion passive aux tendances du marché ne suffisent pas. La protection contre le risque de change ne se résume pas à une simple anticipation, mais à une combinaison d’analyse, de planification et d’adaptabilité.
La méthodologie présentée ici offre une approche structurée. Elle met en évidence l’importance de définir des taux de référence réalistes, d’établir des couvertures stratégiques et de mettre en place des alertes pour encadrer le risque. Avec une telle démarche, les entreprises protégeront leurs marges. Elles pourront aussi réaliser des gains significatifs.
Chaque décision prise en matière de devises a des répercussions sur la santé financière de l’entreprise. Dans ce contexte, le discernement est clé pour sélectionner les méthodes, outils et experts et informations pour prendre les meilleures décisions. Si la gestion du risque de change n’est pas une science exacte, elle peut être maîtrisée avec sagesse et efficacité. Pour les décideurs financiers, le premier enjeu sera la clarté de la vision et la fixation du cap, pour naviguer dans toutes les conditions.
Olivier Lechevalier,
directeur général-CEO de DeftHedge
* Social Science Research Network