Cette tribune a été rédigée par Michel Jonquères, chef d’entreprise et Conseiller du commerce extérieur de la France (CCEF). Il est président du Medef Val-d’Oise et de la Commission internationale du Medef Ile-de France, président du Comité Val-d’Oise des CCEF, ancien membre du conseil d’administration du Comité national des CCEF (2008/2015) et également membre de la Commission internationale et du comité Exportation du Medef au plan national.
La France est la 6ème puissance économique mondiale mais n’a que 120 000 exportateurs (4 % de l’ensemble des entreprises) et un déficit commercial de 50 milliards d’euros, à comparer avec les 360 000 exportateurs allemands et 250 000 italiens, deux pays avec un confortable excédent commercial.
La croissance de l’économie française et de ses emplois doit impérativement passer par plus d’exportation et donc beaucoup plus d’exportateurs qui vendent leurs produits en se donnant le monde comme champs d’action, là où il y a évidemment le plus important potentiel de marché dans tous les domaines.
Doubler le nombre d’exportateurs doit être un objectif et un enjeu national ! 100 000 nouveaux exportateurs de plus exportant chacun 1 million d’euros par an, ce serait 100 milliards d’euros de plus de ventes et 1 million d’emplois nouveaux, car un emploi est créé en moyenne tous les 100 000 euros de chiffre d’affaires.
Faisons en un objectif pour 2020 !
La France est un des pays qui aide le mieux ses exportateurs, avec des institutions qui travaillent toutes en complémentarité, qu’on appelle communément « l’Équipe de France de l’Export » (CCI, CCEF, Business France, Coface, Bpifrance, Douanes, Pacte PME et OSCI). Alors, pourquoi y-a-t-il si peu d’exportateurs français, et comment sensibiliser beaucoup plus d’entreprises à se développer hors de nos frontières ?
Certainement parce que le langage officiel n’est pas motivant et pas toujours vrai.
Il est ainsi souvent dit que, pour exporter, il faut un produit en rupture d’innovation technologique, avoir atteint une taille critique en France, savoir parler les langues…
La sensibilisation doit passer au contraire par une communication nationale, en montrant nombre d’entreprises, TPE et PME, qui exportent avec des produits banals, mais qui ont réussi grâce à un premium : un bon partenaire dans chaque pays, la qualité, de l’innovation commerciale, de l’adaptation aux besoins locaux…
Cette communication pourrait se faire :
– au moyen de courts films (3 minutes) montrant quelques unes de ces entreprises à la télévision après les infos du soir, ou dans les réseaux sociaux, en continu pendant 3 mois, à répéter chaque année;
– dans les journaux nationaux et régionaux, avec chaque jour pendant plusieurs jours une page entière avec cette anaphore :
« Entrepreneurs, exportez et n’ayez pas peur de ne pas avoir un produit en rupture d’innovation technologique : que votre produit soit innovant ou banal (mais toujours avec de la qualité, du service, la volonté de vous développer et de l’innovation commerciale), s’il est vendu en France, il est vendable dans tous les pays du monde. Il vous suffit de perfectionner le banal de votre produit pour le faire apparaitre innovant à l’extérieur. Et n’oubliez pas que la France est bien vue partout dans le monde . »
« Entrepreneurs, exportez et n’ayez pas peur de ne pas avoir la taille critique pour exporter : parmi les 120 000 exportateurs français, il y a 30 000 artisans. »
« Entrepreneurs, exportez et n’ayez pas peur de ne pas savoir parler les langues étrangères : il y a des interprètes partout !»
« Entrepreneurs, exportez et n’ayez pas peur de ne pas savoir comment commencer et où trouver des clients au delà des frontières : l’Équipe de France de l’export dans votre territoire vous y aidera, en particulier votre Chambre de commerce associée aux CCEF (Conseillers du commerce extérieur de la France)… »
« Entrepreneurs, exportez et n’ayez pas peur: tentez le monde comme champs d’action, car les entreprises qui exportent ont en moyenne une croissance deux fois supérieure aux entreprises qui ne le font pas et une bien meilleure rentabilité. »
Mais, pour cette communication, il faut des moyens financiers et l’État devrait y mettre quelques moyens, car encore une fois, c’est un enjeu national pour le développement économique de la France et de ses emplois.
Michel Jonquères
Pour prolonger :
– Commerce extérieur : l’euro et le pétrole boostent la balance commerciale
– Compétitivité / Export : la France n’a pas encore commencé son « rattrapage », selon COE Rexecode