« Avec notre système Ci5, on divise le nombre de saisies par 6 pour les annonces de navires, ça n’existe pas ailleurs ». Jaap Van Den Hoogen, le président exécutif d’origine hollandaise de MGI (Marseille Gyptis International SA), SSII française spécialisée dans les services et systèmes informatiques pour les ports, n’a pas manqué d’enthousiasme et de conviction pour présenter à la presse, le 3 décembre à Marseille, les exemples de nouveautés qu’apportera selon lui Ci5, son nouveau logiciel de Cargo Community System (CCS), qui représente un investissement sur fonds propres de quelques 4 millions d’euros sur trois ans (2014-2016), destiné à succéder à un précédent système dénommé AP+, sorte de « guichet unique » portuaire numérique. « C’est un exemple pour montrer que Ci5 n’est pas une simple évolution de AP+ mais est issu d’une vision futuriste » a-t-il encore déclaré à la presse.
C’est la date de son 30ème anniversaire, fêté en grande pompe à Marseille, que cette société de 39 personnes et de 6,2 millions d’euros de chiffre d’affaires, a choisi pour présenter cette nouvelle solution à la communauté portuaire marseillaise, dont est issu son actionnariat. MGI a en effet été créée en 1985 par différents acteurs de la communauté portuaire phocéenne pour unifier au plan informatique la plateforme portuaire : associations professionnelles des domaines maritimes et portuaires (UMF, STM, AACN, SEMFOS, CMAF…) et Grand port maritime de Marseille sont toujours ses actionnaires principaux.
Trois décennies et plusieurs ruptures technologiques plus tard, le bilan est plutôt positif : elle est, entre autres, co-concepteur et gestionnaire d’un CCS dénommé AP+, conçu en commun avec la SSII havraise Soget -à la fois son alter ego et sa rivale française au port du Havre-, qui équipe aujourd’hui la quasi-totalité des ports français et des Dom Tom et s’exporte depuis quelques années, notamment en Afrique de l’Ouest.
Pour les non initiés, les PCS et CCS sont des systèmes informatiques auxquels sont connectés les différents acteurs d’un hub logistique –chargeurs, transporteurs, agents, transitaires, commissionnaires, douane et autres administrations…- et qui permettent de dématérialiser – autrement dit traiter sans papier- un certain nombre d’opérations liées aux entrées et sorties de marchandises. C’est pourquoi AP + est souvent présenté comme le » guichet unique portuaire » par ses promoteurs, y compris à l’export. MGI en a même tiré une version pour les aéroports, Airport +, et la partie Interland (interland +. Mais, lancé en 2005 par la Sogyp -filiale commune à MGI et Soget- il a vieilli et de nouveaux développements s’imposaient.
De fait, Soget a lancé sa nouvelle solution début 2015, sous le nom de « S)One », MGI l’a fait ce 3 décembre sous le nom de « Ci5 ». Le socle commun reste AP+, mais chacune y a mis ses propres options techniques, l’une des principales différences étant que Soget a noué un partenariat avec Microsoft alors que MGI a préféré travailler sur une base « open sources ». Soget a pris de l’avance -elle vient, en partenariat avec Bureau Véritas, de vendre son système au port jamaïcain de Kingston*- mais MGI met les bouchées doubles pour rattraper son retard, voire aller au-delà.
Une mise en service pour le premier trimestre 2017
Ci5 se veut la nouvelle génération de logiciel de CCS, mettant, selon ses promoteurs, « l’utilisateur au cœur de la solution » et rompant quelques barrières en se présentant comme un « Cargo Intelligence System » : «il va plus loin que les CCS, plus loin que les PCS, argumentait ainsi son président. Il ambitionne de connecter les différentes chaînes logistiques pour permettre une meilleure visibilité door to door des mouvements des marchandises ». Sans entrer dans les détails techniques, Ci5 signifie « Cargo Intelligence 5 », une manière de signifier que le nouveau système, doté d’un moteur de recherche, à la fois répond aux exigences très actuelles de sécurisation des flux et de traçabilité des marchandises et anticipe des évolutions technologiques qui permettront un suivi et un pilotage de porte à porte (« door to door ») des marchandises, au plus près des besoins des utilisateurs.
Jaap Van den Hooven, entouré de son staff -dont Alain Perez, directeur des systèmes d’information et Dominique Lebreton, directeur des Audits, projets et du marketing-, n’a d’ailleurs pas manqué de préciser que le chiffre 5 de Ci5 est aussi une référence aux cinq modes de transports : aérien, maritime, routier, fluvial, ferroviaire. Avec de nombreux axes d’innovation d’ores et déjà intégrés tels que les usages de business intelligence, le big data, le calcul des émissions de CO2, l’optimisation des rendez-vous transporteurs, la géolocalisation et encore le coffre-fort électronique pour certifier qu’un document dématérialisé est bien issu d’un original…
Il faudra toutefois que les premiers utilisateurs concernés, ceux de la communautés portuaire de Marseille qui étaient présents en nombre lors de la soirée de gala du trentenaire de MGI , fassent preuve de patience. Le tout premier module de Ci5 -qui concerne les annonces de navires- a été achevé la veille du lancement, beaucoup de travail reste à faire : Ci5 commencera à être installé à Marseille Fos début 2017 seulement. Entre-temps, il faudra que soit finalisé un autre gros chantier : celui d’un nouveau partenariat avec la Havraise Soget, voulu par l’Etat, pour faire en sorte que les deux nouveaux systèmes concurrents se rapprochent pour, sinon donner naissance à un CCS unique national, du moins en donner l’illusion avec un portail d’accès commun aux deux CCS…
Christine Gilguy
Envoyée spéciale à Marseille
*Guichet unique portuaire : Soget décroche un contrat à la Jamaïque