D’après une note d’analyse d’Upply, le trafic fret ferroviaire entre la Chine et l’Union européenne (UE) a bondi de plus de 80 % en 2024, mais essentiellement soutenu par les expéditions chinoises.
Stimulé par les fortes perturbations des voies maritimes, notamment depuis le blocage du canal de Suez à la suite des attaques terroristes des Houthis du Yémen en Mer Rouge, et la flambée des coûts du fret maritime qui en a résulté, le trafic de fret par voie ferroviaire entre la Chine et l’UE a bondi de 80,2 % l’an dernier, à 380 434 EVP (équivalent vingt pieds) après deux années de « forte décroissance » constate Upply, citant les statistiques de l’opérateur European Rail Alliance. Ils n’ont toutefois pas encore retrouvé leur pic de 2021, à plus de 400 000 EVP.
Mais, si les wagons arrivent pleins en Europe, ils en repartent plutôt vides. Car cette forte progression du volume de fret est « exclusivement imputable à la croissance des flux au départ de Chine vers l’Europe ». Ceux-ci ont bondi de 130,8 % (à 330 704 EVP) dans le sens Chine-Europe, alors qu’ils ont plongé de –26,7 % dans le sens inverse (49 730 EVP), atteignant « leur plus faible score depuis 2017 ».
Ainsi se reproduit sur le fret ferroviaire le déséquilibre structurel qui existe de longue date dans le trafic maritime entre la Chine et l’Europe : les usines chinoises exportent massivement leurs produits, plus que les usines européennes. Un reflet, aussi, de l’évolution du commerce extérieur entre les deux blocs, relève Upply, les exportations européennes étant à la peine en raison du ralentissement de l’économie chinoise.
D’après les statistiques préliminaires des douanes chinoises, les exportations en valeur de la Chine vers l’UE ont progressé de 3 %, à 516,5 milliards de dollars (Md USD), alors que les importations chinoises en provenance de l’UE ont régressé de – 4,4 %, à 269,4 Md USD. « Il faut remonter à 2020, l’année de l’épidémie de Covid, pour trouver un niveau plus bas » remarque Upply.
La répartition par produits du fret ferroviaire en provenance de Chine en 2024 montre une domination des machines et les appareils mécaniques et électriques, avec 30 % des volumes. Mais les expéditions de biens de consommation restent soutenues : les véhicules, en forte progression (+ 192 % à 31 304 EVP) ont représenté 9,5 %, le textile-habillement-chaussure 9,4 %, la catégorie meubles-literie-appareils d’éclairage 6,2 % (en forte hausse de 182,7 %), les produits en plastique 5,7 %… La forte proportion des véhicules est sans doute imputable à l’anticipation des surtaxes européennes sur les véhicules électriques chinois instaurées à partir de l’été 2024.
En sens inverse, « les flux Allemagne-Chine sont largement dominant mais perdent du terrain, leur part passant de 86% du total en 2023 à 78,6% en 2024 » observe Upply. Les volumes ont chuté de -33 %, à 39079 EVP, soit le même niveau qu’en 2017. Sur la route Pologne-Chine, ils ont augmenté de 24,3% en 2024 en glissement annuel, mais atteignent à peine 8626 EVP, bien en-dessous du niveau de 2017, relève encore Upply, qui en déduit que le corridor ferroviaire n’est pas privilégié par les exportateurs européens vers la Chine.
A noter que la principale porte d’entrée du fret ferroviaire en provenance de Chine est, depuis 2020, la Pologne, loin devant l’Allemagne : en 2024, 292 950 EVP sont entrés via la Pologne, soit 88,6 % des flux totaux pour seulement 23 790 EVP via l’Allemagne. La Belgique est en troisième position, (7 900 EVP), devant la Hongrie (4 046 EVP).
C.G
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