En quelques jours depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les routes terrestres et aériennes puis les routes maritimes internationales vers les deux pays se sont progressivement fermées. Revue de détail.
Depuis fin février, les annonces des compagnies maritimes et des grands logisticiens se succèdent : ils arrêtent leurs activités en Ukraine pour cause de guerre, tandis qu’ils suspendent leurs opération en Russie en raison des sanctions internationales.
ONE, le deuxième plus important transporteur de conteneurs d’Asie basé à Singapour, a été l’une des dernières grandes compagnie en date à annoncer la suspension de ses opérations en provenance et à destination des ports russes et ukrainiens. Elle avait été précédée par plusieurs compagnies européennes dont Maersk (Danemark) et MSC (Suisse), le 1er mars, et Hapag-Lloyd (Allemagne) dès la semaine dernière. Ces quatre compagnies représentent près de 50 % du transport maritime mondial par conteneur.
Le Français CMA CGM a pour sa part indiqué avoir suspendu ses opérations vers et en provenance du port ukrainien d’Odessa et dérouté ses navires vers les ports de Constanza (Roumanie), Tripoli (Liban) et du Pirée (Grèce).
Dans une note d’analyse diffusée le 2 mars, Arthur Barillas, fondateur du transitaire digital Ovrsea, affilié à Bolloré Logistics, constate : « Si les ports ukrainiens sont inaccessibles depuis le début de l’invasion russe, les compagnies maritimes se détournent aussi une à une des ports russes, sanctions obligent ».
La nouvelle route de la soie compromise
La situation n’est pas mieux pour les routes aériennes et terrestres, notamment celles reliant l’Europe de l’Ouest à l’Asie.
Ainsi, alors que les Européens et Britanniques ont fermé leur espace aérien aux avions russes, les contre-sanctions russes produisent également des effets importants. « La fermeture de l’espace aérien russe à 38 pays occidentaux impacte une partie des flux aériens Asie-Europe, principalement en Chine du Nord (Shanghai inclus), mais aussi en Corée du Sud et au Japon, indique Arthur Barillas. Seule solution pour le moment : partir des aéroports situés au sud de la Chine ou faire appel à des compagnies chinoises. »
Quand au ferroviaire, qui avait émergé comme alternative rentable au transport maritime dans le contexte des perturbations des transports et de la flambée des tarifs liés à la crise sanitaire, son avenir est compromis pour le moment comme « nouvelle route de la soie ».
DB Schenker, filiale logistique de la Deutsche Ban, a annoncé fin février l’arrêt jusqu’à nouvel ordre de son service vers et en provenance d’Ukraine, indiquant que des opérations de fret étaient encore en cours en Biélorussie et en Russie.
« L’option ferroviaire est la grande perdante du conflit en Ukraine en matière de transport, estime le fondateur de Ovrsea. Le niveau d’incertitude est maximal sur la New Silk Road : le réseau ukrainien serait détruit et la principale porte d’entrée en Europe depuis la Chine n’est rien d’autre que la Biélorussie, proche alliée de Moscou ».
C.G