Publié fin 2020, le deuxième rapport du Groupe d’expertise d’économie maritime (GEEM) réalisé par les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF) en coopération avec le Cluster Maritime Français, met l’accent sur les enjeux de développement durable de l’économie maritime, où des acteurs français ont commencé à s’engager.
« A travers différentes fiches de synthèse sectorielles, ce rapport montre une photographie des enjeux de l’économie maritime durable auxquels les secteurs sont confrontés et comment les acteurs tricolores se sont engagés dans le développement durable selon leur activité » résume d’entrée Marie-Noëlle Tiné-Dyèvre, CCEF, directrice du Cluster Maritime Français et coordinatrice du GEEM.
Ce groupe de travail est présidé par Philippe Louis-Dreyfus, CCEF et président du conseil de surveillance de Louis-Dreyfus Armateur.
CMA-CGM mise sur la propulsion au GNL
Dans le transport maritime, le rapport met notamment en évidence l’engagement croissant des armateurs et compagnies maritimes françaises dans une démarche de développement durable pour coller à l’objectif fixé par l’Organisation maritime mondiale (OMI) qui est de réduire d’au moins 50 % les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050.
« Cela passe par des solutions vertes ou propres concernant la motorisation et la vitesse des navires de marchandises » indique Marie-Noëlle Tiné-Dyèvre. Pour limiter les émissions polluantes, le rapport évoque ainsi la limitation de la vitesse des vraquiers (navires transportant du vrac solide ou liquide) et les nouveaux moyens de propulsion au gaz naturel liquéfié (GNL) notamment des porte-conteneurs.
« Le français CMA-CGM mise sur ce carburant propre. Il a récemment mis en service le premier porte-conteneur au GNL et attend huit autres navires de la sorte déjà commandés » souligne Marie-Noëlle Tiné-Dyèvre.
Autre solution mentionnée : la propulsion à l’hydrogène. Bon nombre de compagnies maritimes misent sur cette solution dans un avenir proche. D’autres réfléchissent sur des motorisations alternatives, comme les biocarburants.
Michelin soutient les cargos à voile
« La propulsion éolienne ou vélique autrement dit à voile, a le vent en poupe » explique encore la directrice du Cluster maritime français. Des startup ou spin-Off de grands groupes comme Airseas, Zephir & Borée ou Towt, proposent déjà des solutions opérationnelles de cargos à voile.
Michelin, le géant français du pneu, vient notamment de signer un engagement avec le petit armateur nantais Neoline (notre photo) pour ouvrir une ligne de transport maritime de marchandises à voile dès 2023.
« Les trois grands ports maritimes Le Havre/Rouen, Marseille/Fos et Dunkerque s’engagent également à verdir leurs activités, en investissant massivement dans le branchement électrique des navires à quai, pour leur éviter de faire tourner leur moteur polluant au fuel » expose Marie-Noëlle Tiné-Dyèvre.
Le rapport évoque également la volonté des ports de récupérer leurs déchets et leurs eaux usées. Le recours au transport intermodal par le fleuve ou le rail pour acheminer les marchandises dans l’hinterland portuaire jusqu’au consommateur final, n’est pas oublié.
Démantèlement « propre » des vieux navires
Les chantiers navals, dont les activités ont une forte vocation à l’export, travaillent pour leur part leur développement durable dans la recherche de matériaux moins polluant et dans la déconstruction « propre » des vieux navires, conformément à la règlementation internationale.
« Plusieurs projets de démantèlement écologique de navires portés par des PME de chantiers navals émergent en Méditerranée, sur la façade Atlantique et dans la Manche » précise Marie-Noëlle Tiné-Dyèvre. Les chantiers navals étudient aussi la construction de bateaux électriques.
Enfin, le rapport mentionne l’engagement des grands systémiers et équipementiers de services de sécurité maritime, fortement exportateurs, dans le développement de moyens de sécurité pour lutter contre les risques environnementaux.
Autant d’évolutions qui devraient réjouir les chargeurs en quête de supply chain « vertes ».
Bruno Mouly
Pour prolonger : une copie de la synthèse du rapport est dans le document Pdf attaché à cet article (voir ci-après).