L’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), qui représente les chargeurs, s’est fendu d’une lettre alertant les pouvoirs publics français et européens sur le manque de transparence dans la fixation des surcharges par les compagnies.
Le ou la futur(e) ministre des Transports, dont la nomination doit intervenir en début de semaine prochaine, devra entre autres sujets, répondre aux inquiétudes des chargeurs quant à la probable hausse cette année du coût du transport maritime après des mois de baisse des taux de fret. Signe de l’importance du sujet pour les exportateurs et de leur volonté de transparence, cette lettre a été publiée le 11 janvier, jour de l’annonce de la composition du gouvernement Attal 1.
Clément Beaune étant donné partant, l’AUTF souhaitait interpeler son successeur au plus tôt. Dans son viseur : la multiplication des surcharges facturées par les compagnies maritimes. En détail, les chargeurs reprochent « [la] simultanéité des annonces de surcharges, [la] similarité des montants, [les] réponses de principe avec refus d’expliquer les montants de ces surcharges disproportionnés par rapport aux coûts réels, [le] refus de négociations, voire [les] rejets de bookings alors que des contrats sont en cours et que la capacité est disponible sur le marché spot ».
Les chargeurs appelés à retarder les appels d’offre
Des pratiques d’autant plus difficiles à avaler pour les exportateurs « dans un contexte de baisse des volumes et d’augmentation de la capacité offerte, qui devrait susciter davantage de compétition et de différenciation entre les compagnies maritimes ». Bref, les chargeurs les soupçonnent d’entente et appelle à « une attention particulière des autorités de la concurrence ».
Dans ce contexte et sur fond de fortes tensions géopolitiques perturbant la navigation en mer Rouge, l’AUTF « recommande aux chargeurs de retarder les appels d’offre autant que faire se peut ou de prévoir des clauses de révision à échéance de 3 ou 6 mois lorsque cette situation géopolitique aura évolué comme il faut l’espérer ». Elle demande également aux compagnies de pratiquer « des taux de fret raisonnables » et de « gérer les conséquences de ces événements sur les opérateurs de terminaux » afin que les surcoûts appliqués dans ces terminaux « ne retombent pas sur les chargeurs ».
Les scénarios de la bourse de fret en ligne Upply pour 2024 prévoient des taux de fret allant de 2 000 à 3 500 dollars par conteneur de 40 pieds. Voire beaucoup plus si la situation géopolitique venait à s’embraser à Taiwan. En pareille cas, les navires pourraient même être bloqués à quai et le commerce international plonger dans l’inconnu.
Sophie Creusillet