Le géant du commerce maritime CMA CGM continue sur la voie de la diversification en s’offrant la branche logistique du conglomérat turc Borusan, Borusan Tedarik, pour 440 millions de dollars. Ceva logistics, la filiale de l’armateur marseillais a annoncé le 26 avril dernier acquérir 100% de cette entreprise, leader de la logistique et du stockage dans le pays. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La Newsletter BLOCS.
L’accord permettra à CMA CGM, présent dans 177 pays et employant environ 160 000 collaborateurs, de doubler sa taille sur le marché turc avec 4000 employés et 570 000 m² d’entrepôts passant sous pavillon français.
« La Turquie est une plateforme régionale essentielle entre l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient. Elle combine un fort dynamisme industriel, un tissu de sous-traitants très dense, ce qui en fait un relais de croissance naturel pour nous », a vanté Mathieu Friedberg, le directeur général de Ceva, cité par l’Usine nouvelle.
Le deal prend d’autant plus d’intérêt à un moment où les acteurs du marché sont prompts à élargir leurs débouchés face au protectionnisme de Donald Trump. L’entreprise tricolore mettra d’ailleurs ce faisant la main sur les filiales de Borusan Tedarik en Allemagne, Bulgarie, Hong Kong et en Chine.
La menace des taxes américaines
Pour autant, CMA CGM ne boude pas les États-Unis, bien au contraire. Son P-dg Rodolphe Saadé avait annoncé en mars 2025 un plan massif d’investissement à 20 milliards de dollars sur quatre ans outre-Atlantique. Au programme : l’expansion de la flotte de l’armateur sous pavillon américain, le développement de terminaux sur les côtes Est et Ouest, l’ouverture de 400 entrepôts, un hub aérien à Chicago avec cinq Boeing 777 cargo, ainsi qu’un centre de R&D logistique à Boston.
Malgré l’opération de charme de M. Saadé, le groupe n’est pas épargné par les nouvelles taxes portuaires à l’encontre des navires construits en Chine que les États-Unis doivent appliquer dans six mois. Reste que l’entreprise qui a mené une impressionnante stratégie de diversification ces dernières années semble assez solide avant d’affronter la tempête provoquée par Donald Trump.
Diversification tous azimuts
Après avoir frôlé la faillite en 2009, puis traversé une décennie difficile, et affiché des résultats exceptionnels en 2021 et 2022 dans le contexte de la reprise post-Covid, le groupe s’est peu à peu transformé en un acteur intégré du transport.
Multipliant les acquisitions pour renforcer sa présence mondiale, il a notamment élargi son périmètre dans la logistique, avec les rachats, entre 2019 et 2022, de Ceva Logistics, Ingram Micro CLS, Gefco et Colis Privé. En 2024, l’acquisition de Bolloré Logistics pour près de 5 milliards de dollars a aussi consolidé CMA CGM parmi les quatre premiers acteurs mondiaux du fret. Aujourd’hui, la logistique représente 40 % de son chiffre d’affaires.
Autre axe de diversification : les ports. CMA CGM a investi dans des terminaux à New York, Los Angeles et en Inde. Et est devenu en avril 2025 actionnaire majoritaire du principal opérateur d’infrastructures portuaires brésilien, Santos Brasil, s’assurant ainsi le contrôle du plus grand terminal à conteneurs d’Amérique du Sud, dénommé Tecon Santos.
Parmi les opérations marquantes, figure aussi la prise de participation mi-avril, à hauteur de de 35 % dans le premier port sec d‘Égypte, October Dry Port, connecté aux ports d’Alexandrie et d’Aïn Sokhna.
Le groupe a par ailleurs poursuivi son développement dans l’aérien : outre l’investissement dans un hub aérien à Chicago, il a repris le 27 mars les activités de fret d’Air Belgium. Une stratégie « multimodale », visant à combiner transports maritime, terrestre et aérien.
Sur le volet technologique, CMA CGM a investi 100 millions d’euros en avril 2025 dans la startup française Mistral AI, spécialisée dans l’intelligence artificielle. L’objectif affiché : optimiser ses opérations logistiques et mieux intégrer l’ensemble de ses métiers.