La crise inédite liée à la pandémie Covid-19 a aussi fortement perturbé la filière transport & logistique. Mais à l’instar de la startup Ovrsea, commissionnaire de transport de nouvelle génération, certains acteurs tirent particulièrement bien leur épingle du jeu, grâce à un service et une organisation 100 % digitalisés.
« Oui nous sommes affectés par la crise du coronavirus, mais certains opérateurs ont déclenché leur plan de continuité, il est tout à fait possible de travailler » nous déclare d’entrée de jeu Arthur Barillas, président d’Ovrsea, en télétravail depuis huit jours.
Une situation dégradée mais pas de shut-down
« Certains importateurs ont fermé temporairement leurs entrepôts, d’autres fonctionnent de façon dégradée, d’autres encore, dans le commerce de détail, ont annulé des commandes en Asie à la suite des fermetures de boutiques », détaille le dirigeant. « Mais certains opérateurs tirent bien leur épingle du jeu, dans les secteurs du e-commerce, de la distribution alimentaire ou pharmaceutique », poursuit-il.
Côté transports, la situation est dégradée mais là encore, pas de shut-down : huit jours après le mot d’ordre de confinement, de nombreux services sont maintenus et s’adaptent en mode télétravail.
« Le fret maritime a été très impacté, certaines compagnies sont moins réactives, mais CMA CGM a annoncé récemment miser sur une reprise fin mars, enregistrant une augmentation des chargements de 50 % par semaine. Les ports d’Anvers, du Havre, de Fos, la Douane, fonctionnent », énumère Arthur Barillas.
La situation du transport aérien est plus inquiétante alors qu’une grande majorité du fret est aujourd’hui acheminé dans les soutes des avions de passagers. « Air France a réduit de 70 à 80 % ses vols, la demande est très supérieure actuellement aux capacités disponibles, les taux de fret s’envolent de 20 à 30 % selon les zones », constate Arhur Barillas. Pire : les compagnies ne respectent plus les contrats et pratiquent des tarifs au jour le jour.
Enfin dans le transport routier, la situation est plus contrastée : « certains transporteurs ont arrêté des destinations comme l’Italie à cause du coronavirus, d’autres ont réduit leur activité. Mais d’une façon générale, toute la distribution tourne à plein régime, particulièrement dans l’alimentaire ».
La mise en œuvre concrètes des corridors transfrontaliers européens pour éviter les longues files d’attente de camions, promise par l’Union européenne, est attendue avec impatience. « Ça va dans le bon sens d’autant que les chauffeurs sont exposés au coronavirus », souligne le dirigeant.
Dans ce contexte chaotique, le modèle qu’a mis en place Ovrsea semble faire merveille.
Une idée simple : la simplification et le gain de temps
Arthur Barillas a cofondé cette startup de la commission de transport digitalisée fin 2017 avec quatre autres associés sur une idée simple : pour apporter quelque chose de différent sur ce marché technique réputé lourd de documentation et de formalités administratives diverses, il faut miser sur la simplification et le gain de temps apportés aux clients. Une idée inspirée de l’expérience concrète des complications de l’import/export vécue par l’un des associés, Mathieu, dans une entreprise en Australie.
Bpifrance y a cru : son Fonds F3A a pris un ticket dans la startup et celle-ci participe à son Hub d’entrepreneurs. « Notre mission est de simplifier la gestion du transport international et elle est en ligne avec les efforts que déploie Bpi pour accompagner les entrepreneurs à l’international » estime le dirigeant. Ovrsea est aussi membre du réseau Excellence de Bpifrance, qui lui permette de côtoyer patrons de PME et d’ETI. Elle anime ce jeudi 26 mars à 16H30 un webinaire sur « la gestion du transport en temps de crise »*.
Le pari semble judicieux. Deux ans après sa création, avec un effectif d’une trentaine de personnes, la startup connaît une croissance de 15 à 20 % par mois qui ne se dément pas depuis début 2019, proposant depuis sa plateforme digitale dédiée tous les services d’un commissionnaire de transport spécialisé sur l’ « Overseas », précisément sur l’Asie et l’Amérique du Nord, avec les deux modes de transports rois sur ces zones : le maritime et l’aérien.
« Gagner du temps, avoir une vraie visibilité sur le parcours de leurs marchandises, mettre fin à une certaine opacité dans les coûts : tels étaient les trois préoccupations des clients que nous avions identifiées » insiste Arthur Barillas.
Digitalisation de la cotation à la facturation
Son offre digitale permet à cet égard une simplification de la gestion administratives des opérations de transport pour ses clients exportateurs ou importateurs, de la cotation à la facturation en passant par le dédouanement et le tracking (suivi) des marchandises.
Elle s’est dotée d’outils « maison », comme son algorithme de recherche de capacités et de tarifs de fret dénommé Kronos, dont les résultats sont ensuite traités par ses équipes avant d’être transmis aux clients.
De même, pas besoin d’installer un nouveau logiciel et d’y connecter son entreprise pour accéder aux services. « Nous n’avons pas voulu rajouter une nouvelle couche, c’est pourquoi nous nous sommes lancés comme commissionnaire avec tous les agréments nécessaires », explique le dirigeant, dont l’entreprise est membre de la fédération TLF.
Le client s’inscrit sur sa plateforme en quelques clics et peut commencer à demander des cotations. « Sur un même trajet, on lui proposera toujours deux ou trois options, y compris la solution la plus respectueuse de l’environnement », explique le CEO d’Ovrsea, qui pousse de plus les solutions ferroviaires lorsque c’est possible.
La crise du coronavirus lui a donné des ailes
Quelque 300 à 400 PME et ETI de l’industrie, de la cosmétique et de la parfumerie, du commerce de détail, de l’ameublement, des arts de la table font partie de ses clients, à l’instar de Nuxe ou de Fermob. Quelques grands groupes aussi comme Engie ou Vinci ont recours à ses services.
Et la crise du coronavirus lui a donné des ailes
Il a fallu certes se réorganiser en mode télétravail dès le mot d’ordre de confinement lancé le 16 mars. Mais la tâche n’a pas été très compliquée pour Ovrsea, la société, qui emploie à 40 % des développeurs, s’étant dotée en interne d’une plateforme collaborative baptisée « Atlas », qui permet aux collaborateurs d’échanger en temps réel. « Cela nous permet de travailler à 100 % à distance. Du coup, nous sommes beaucoup plus réactifs que nos confrères traditionnels », constate Arthur Barillas.
Pour répondre à l’afflux des interrogations de ses clients tout en suivant quotidiennement l’évolution de la situation sur le plan international, Ovrsea a créé deux cellules de crise dotée chacune de deux personnes, avec une mission bien précise de collecte de données et d’information.
La cellule « capacités » contacte chaque jour tous les transporteurs pour connaître l’état de leur offre. L’autre cellule, dédiée au « Covid-19 », suit au jour le jour l’actualité internationale de la pandémie et ses conséquences sur le secteur, qu’il s’agisse des mesures gouvernementales de lutte contre la pandémie ou de la situation des ports et aéroports. Cette dernière cellule édite une newsletter, « les inscriptions ont explosé » se réjouit Arthur Barillas.
L’heure est encore à gérer les urgences et la volatilité des capacités, au jour le jour. Mais une chose est sûre : dans une telle crise, les solutions du digital associée à une bonne qualité de service auront gagné une nouvelle légitimité.
Desk Moci