« Jeune loup », « énergique », « travailleur », « pugnace », « affable », « virevoltant » : les qualités –ou les défauts selon les points de vue – attribués par les journalistes à Thomas Thévenoud, nommé hier secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, de la promotion tourisme et des Français de l’étranger dans le gouvernement Valls II, promettent au moins un changement de style. Il succède en effet à la plus réservée Fleur Pellerin, promue au ministère de la Culture et de la communication.
Elles seront très certainement des qualités pour reprendre le fil de la feuille de route chargée qui attend ce jeune -40 ans le 5 mai dernier- député PS de Saône-et-Loire, jusqu’à présent membre de la commission des Finances de l’Assemblée nationale et porte-parole du groupe PS.
Car il devra jongler entre de multiples déplacements dans les pays étrangers, le suivi des grandes négociations commerciales internationales –en particulier le Partenariat transatlantique avec les États-Unis dont se méfie l’opinion publique-, et enfin la mise en œuvre des réformes engagées par ses prédécesseurs.
Moderniser le dispositif public de soutien aux exportateurs (fusion Ubifrance/Afii, simplifications…), régionaliser la politique de soutien aux entreprises, mobiliser les PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) et, the last but not the least, faire que le nouvel écosystème créé par la diplomatie économique de Laurent Fabius marche… Tels sont les gros chantiers qui l’attendent.
Objectif : réduire un déficit commercial qui devrait être encore proche des 60 milliards d’euros cette année.
Car pour l’heure, Thomas Thévenoud manque d’expérience à l’international. Dans le parcours déjà riche de ce diplômé de l’IEP de Paris, père de deux enfants, nulle trace d’un intérêt particulier pour les affaires de commerce extérieur ou de développement international des entreprises, même pas une note. Son fait d’arme le plus récent et médiatisé : la médiation entre les taxis et les VTC (voitures de tourisme avec chauffeur).
Cela n’est pas forcément un gros handicap : Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur jusqu’à mars 2014, était une totale novice en la matière lorsqu’elle avait été nommée en 2012, mais elle ne s’en était pas si mal sortie, contribuant activement à lancer la nouvelle stratégie de ce ministère et ses grandes réformes de fond. Mais Fleur Pellerin, polyglotte, était déjà plus aguerrie.
Seule certitude : le nouveau secrétaire d’État a de bonnes bases en anglais –contrairement à Nicole Bricq dont c’était une des grosses faiblesses-, sinon il n’aurait pu faire Sciences Po et aurait sans doute eu du mal à recevoir l’aval du patron du quai d’Orsay…
En l’occurrence, réputé plutôt proche d’Arnaud Montebourg (dont il a été le vice-président au conseil général de Saône-et-Loire) et de Martine Aubry (qu’il a soutenu à la primaire de 2011 contre François Hollande), ce natif de Dijon dispose d’un autre atout : il connaît Laurent Fabius, patron désormais incontesté de la nouvelle diplomatie économique française et du commerce extérieur, dont il a été successivement conseiller technique lorsqu’il était ministre de l’Économie et des finances (2000-2002), puis assistant parlementaire. C’est incontestablement un « plus » alors que les relations entre Fleur Pellerin et son omniprésent ministre étaient réputées « difficiles ».
Christine Gilguy